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Culture

Culture / Syndrome chinois en Pennsylvanie

Marie Céhère

24 juin 2022

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«Panique à la centrale: Three Mile Island», Kief Davidson, sur Netflix, 4 épisodes de 45min.



Le titre original de cette mini-série documentaire, «Meltdown», met le doigt sur le problème. Une fusion du cœur du réacteur a failli se produire à la centrale nucléaire de Three Mile Island, aux Etats-Unis, en mars 1979. Un tel événement, qui fort heureusement (et fortuitement ici) ne s’est pas produit, suffirait à rayer de la carte toute la côte est du pays, et à provoquer un «syndrome chinois». Les cinéphiles se souviennent sans doute de ce film catastrophe avec Jane Fonda, sorti quelques jours seulement avant l’accident de Three Mile Island et qui rythme le documentaire. Les quatre épisodes balaient toute la chaine de décisions et de réactions: les acteurs du secteur masquant la gravité de l’incident aux politiques, lesquels veulent rassurer la population et pour ce faire lui mentent, laquelle s’éduque et se révolte... On regrettera l’abus de sous-titrage sonore et émotionnel, plutôt inutile et agaçant. On saluera la présence d’un spécialiste de l’énergie atomique et de ses explications claires, sans pathos superflu. Le témoignage des habitants, presque tous touchés par le cancer après la fuite radioactive, renforce l’acuité du récit. Celui de Rick Parks, ingénieur prosélyte du secteur, lanceur d’alerte perclus de contradictions tragiques, est une leçon. Au bout du compte, l’accident de Three Mile Island n’a fait qu’une victime directe: l’industrie nucléaire américaine, qui ne s’en est jamais relevée. Au grand dam de l’effet de serre. 

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