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Culture

Culture / Une comète en pleine révolution

Marie Céhère

15 octobre 2021

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«La Vie interrompue de Sergueï Alexandrovitch Essenine», Jean de Boishue, Editions Bartillat, 248 pages.



Le dégel laisse parfois apparaître des cadavres que l’on croyait disparus. C’est ce qui arrive sous les yeux de Kars, inspecteur fictif du KGB, qui à la veille de sa retraite reçoit à la Loubianka les photos d’une scène de crime. Dans le Moscou de la pérestroïka, l’homme reconnaît avec effroi la victime: le poète russe, chantre de la paysannerie, Sergueï Essenine, supposé suicidé en 1925. Malgré quelques faiblesses narratives, Jean de Boishue, ancien ministre français et auteur d’essais politiques met sa connaissance de la Russie au service de l’enquête romancée de Kars, qui reconstitue la vie «interrompue» du poète. Une vie brève et incandescente. De Konstantinovo à Saint-Petersbourg, de l’isba familiale aux bras de la danseuse américaine et supportrice des bolchéviques Isadora Duncan, Essenine a mené une existence tapageuse, brillante, conquérant par son talent jusqu’à l’impératrice Alexandra et ses filles. Mais dans la noirceur de la Russie post-révolutionnaire, en pleine terreur stalinienne, les assassins sont partout. Essenine ira — stoïquement ou non, la question demeure ouverte — se jeter dans la gueule du loup. Son visage, son œuvre, son souvenir, politiquement condamnés, n’ont pourtant pas cessé de hanter le peuple russe, celui qui ne vit que pour souffrir, dont il s’était fait le porte-voix. Et les assassins ont mis au monde une légende. En témoigne la scène finale, explosive et tout aussi légendaire.

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