Culture / L’image d’un homme qui tombe
«Les envolés», Etienne Kern, Editions Gallimard, 160 pages.
Au 8 de la rue Gaillon, dans le quartier de l’Opéra à Paris, vit le tailleur Franz Reichelt, originaire de Bohème et pionnier de l’air. En février 1912, l’homme s’élance du haut du premier étage de la Tour Eiffel, muni de ce qui deviendra un parachute. Franz aime dessiner dans l’air le souvenir des branches d’arbres et les poèmes français qu’il ne comprend pas, Franz se penche souvent trop avant depuis son balcon, on croit toujours qu’il est prêt à sauter. Cette fois, il est prêt. Et son invention, testée sans succès sur des mannequins, attire les curieux. Les caméras enregistrent ce que tout le monde redoute. Franz pensait se jouer des lois de la physique; comme tous les hommes, Franz pensait voler. Il est l’un des premiers à mourir sous le regard muet d’une caméra, devant, déjà, l’indifférence à peine voilée des témoins. Ceux-ci ne pourront que constater la profondeur du cratère creusé par la chute dans le sol gelé du Champ-de-Mars. Etienne Kern rend hommage à ce défunt médiatique dans un roman tissé en dentelles, entre résurrection littéraire, exofiction et ciselures personnelles.
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