Média indocile – nouvelle formule

Culture

Culture / Etre ou ne pas être?


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«Baiser ou faire des films», Chris Kraus, Editions Belfond, 336 pages.



Automne 1996, Jonas étudie le cinéma à l’Académie du film de Berlin et il est envoyé à New York pour préparer la venue de cinq autres étudiants, comme lui censés y tourner des films d’avant-garde sur Eros et le désir. A Berlin, Jonas laisse sa compagne Mah, angoissée à l’idée qu’il puisse la tromper. A New York, il loge chez un rescapé de la Beat Generation en surpoids et plutôt cradingue, et il rencontre Nele, une jeune femme fantasque et résolue. Il va aussi saluer celle qu’il appelle sa «tante» mais qui est en fait une Juive lettonne sauvée de l’holocauste par le grand-père SS de Jonas. Cela semble extravaguant, et ça l’est, délicieusement. Tout est compliqué pour Jonas: sa relation aux femmes, sa relation à sa famille, sa relation à lui-même. Mais plutôt que de banalement psychologiser, Chris Kraus en fait une farce drôle et grinçante sur le thème de la volonté d’être, ou pas. «Les autres ne veulent pas qu’on prenne trop de plaisir. Il faut dormir, faire profil bas, consommer, aspirer à la possession et nous faire au sort de tous les bornés», explique Paula, la «tante» de Jonas, avant de conclure, schopenhauerienne: «Tu es libre de faire ce que tu veux, mais tu n’es pas libre de vouloir ce que tu veux.»    

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