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Chronique

Chronique / Sexplorer plutôt que moraliser, respecter la vague et avoir le monopole, ou pas, de la responsabilité


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Les femmes sont censées être sexy, mais uniquement lorsque ça arrange les hommes et pour autant qu’il ne s’agisse pas de leurs filles. Les représentants de l'école philosophique covidienne progressent, mais pas tous. Si les multinationales sont responsables des atteintes aux droits humains dont se rendent coupables leurs fournisseurs, les consommateurs de leurs produits sont-ils complices?



«Notre société valorise l'hypersexualisation des femmes, mais stigmatise celles qui cherchent à accéder au plaisir et porte sur elles un regard moralisateur et dénigrant.» Voilà qui résume bien la situation. Ce constat est celui de Dalila Kerchouche, l’auteure de Sexploratrices, aux Editions Flammarion. Je n’ai pas encore lu le livre mais cela ne saurait tarder après la découverte de l’interview de la journaliste et écrivaine sur Ladepeche.fr. «Pour une Sexploratrice, la sexualité est un moyen d'introspection et d'expression de soi. Elle n'est donc pas dans une course effrénée à la jouissance, ni dans la quête de l'orgasme à tout prix, elle est dans une reconquête de soi.» Et si, plutôt que de légiférer moralement sur l’habillement des jeunes filles, on se lançait tous dans la sexploration de nous-même? 

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Je vous ai déjà parlé de la nouvelle école philosophique suisse. Les covidiens, par la voix de leur pilier, le conseiller fédéral Alain Berset, ont fait un pas supplémentaire vers la conceptualisation de notre rapport avec la Covid-19. «Il ne faut pas avoir peur de cette évolution. Il faut respecter cette évolution», a-t-il professé en parlant de la deuxième vague de la pandémie, rapporte 24 heures. Une autre covidienne convaincue, la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga, a elle aussi voulu s'essayer à cette toute nouvelle métaphysique, énonçant: «La Confédération et les cantons doivent travailler de concert pour faire cesser les bisbilles sur qui fait quoi». Il semblerait qu'elle se trompe de Weltanschauung. Elle doit encore un peu étudier.                                        

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Je n’ai aucune sympathie politique pour Karin Keller Sutter, et son interview dans Le Matin dimanche m’est tombée des mains tellement elle y déploie cette rhétorique cauteleuse dont la bourgeoisie use lorsqu’elle s’adresse au peuple. La conseillère fédérale est évidement opposée à l’initiative «Pour des multinationales responsables» qui sera soumise au vote le 29 novembre. «Les initiants n’ont pas le monopole du cœur», affirme-t-elle, paraphrasant paresseusement l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing. Ce qui m’a fait penser que les multinationales, de leur côté, n’ont pas le monopole de l’exploitation criminelle des hommes, des femmes et des enfants de par le monde, pas le monopole de toutes les saloperies dont est capable l'économie libérale. Les consommateurs de leurs produits en sont complices, par définition. Je voterai en faveur de l’initiative le 29 novembre, bien que sachant qu’il est illusoire de demander aux multinationales d’être responsables d’autre chose que de l’enrichissement de leurs actionnaires. Et ça ne me donnera même pas bonne conscience.

Comme la migraine.       

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