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Chronique

Chronique / Trump loves Brigitte

Isabelle Falconnier

14 juillet 2017

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C’est évidemment le buzz vidéo de la semaine. Le président Trump qui, en voyage officiel à Paris, au moment des premières accolades entre couples présidentiels, se tourne vers la femme d’Emmanuel Macron et lui lance «You’re in such good shape! She’s in such good physical shape! Beautiful!». Soit: «Qu’est-ce que vous êtes en forme! Elle est en si bonne forme physique! C'est beau!»

Quel goujat!, s’exclame depuis la planète entière. Quel homme grossier et vulgaire! Et les médias internationaux d’évoquer l’incident comme s’il avait dit à la première pute venue dans un bar qu’elle était «bien roulée» ou lancé relou à une fille dans la rue «t’es bonne, toi!».

On a tout faux. N’oublions pas: il est Américain. Et il a le cerveau de Trump: comme un enfant, il dit ce qu’il pense au moment où cette pensée traverse son esprit.

Il ne drague absolument pas Brigitte Macron. Il lui parle comme un Américain: obsédé par sa santé, son apparence, sa longévité, dédié au culte du jeunisme, du sport, de la chirurgie esthétique, pour qui le travail sur son corps est un travail sérieux, méritant, constant, admirable. C’est cela qu’il voit en elle: une performance physique. Il est clair que cette performance personnelle de Brigitte Macron est plus importante à ses yeux que le sort écologique de la planète ou le destin des Syriens.

C’est normal, et il n’aurait jamais fait cette remarque à Carla Bruni-Sarkozy, qui pourtant côté performance physique peut en remontrer à Brigitte Macron comme à toutes les femmes du monde. C’est normal parce que Brigitte a vingt-quatre ans d’écart avec son mari. Melania aussi, mais dans l’autre sens. Trump a l’air surpris, sincèrement. Il a l’air surpris d’un homme qui semble penser qu’à son âge, on ne peut que sortir qu’avec des femmes de l’âge de Melania, et soudain se rend compte qu’une femme de son âge à lui peut être «en bonne forme» et «beautiful». N’oublions pas: il vient de passer des heures à se faire briefer par son équipe sur leur programme parisien. Et de quoi a parlé la presse en anglais à propos de Macron? De l’âge de sa femme. Trump avait donc la tête pleine de ce truc inimaginable à ses yeux: vivre avec une femme qui pourrait être sa mère. Et voilà qu’il tombe sur Brigitte, taille mannequin, blondeur vénitienne, robe de grand couturier. Evidemment, il a tout faux: la maigreur excessive de Brigitte Macron n’est un signe de «bonne forme» que dans son échelle de valeur à lui.

Mais dans le fond, foin de défilé du 14 Juillet, foin de Première Guerre Mondiale, foin de climat, foin d'OTAN. Si ce voyage parisien ne doit servir qu’à une seule chose, c’est à cela: revaloriser aux yeux du président de la première puissance mondiale la gent féminine dans son ensemble, et la gent féminine au-delà de la catégorie «lolita». Sacré programme.

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