Média indocile – nouvelle formule

Culture

Culture / Un Etat sur le fil

Marie Céhère

1 décembre 2023

PARTAGER

«Bosnie-Herzégovine, une paix si fragile», Pierre-Olivier François, sur arte.tv jusqu’au 20 janvier 2024, 53 minutes.



Près de 30 ans après les accords de Dayton et la fin de la guerre de Bosnie, l’avenir de la Bosnie-Herzégovine apparaît fragile, à mesure que les crises et les guerres viennent renforcer les sentiments nationalistes et les tensions ethniques. Elle pourrait être un modèle d’Etat multiculturel, multi ethnique et multi confessionnel. De fait, entend-on dans ce documentaire, la plupart des «gens normaux» n’aspirent qu’à une «vie normale», tous ensemble. Or les équilibres entre les Serbes de la Republika Srpska, orthodoxes, les Croates catholiques et les Bosniaques musulmans peuvent vaciller à tout moment. Carrefour entre Orient et Occident et entre trois religions, la Bosnie-Herzégovine est aujourd’hui candidate à l’entrée dans l’UE, mais aussi la proie de multiples ingérences. Les Serbes de Bosnie se réclament du soutien russe et cherchent à faire sécession, tandis que la Serbie elle-même a reconnu la Bosnie-Herzégovine. Le président turc Erdogan se rend régulièrement au mémorial du massacre de Srebrenica et soutient les musulmans. Les nationalistes croates réclament eux l’établissement de leur propre entité. La corruption ravage la vie politique, l’émigration explose, et le fonctionnement des institutions, avec l’une des Constitutions les plus compliquées au monde, font dire que ce pays est davantage une «ethnocratie» qu’une démocratie. Certains, dans la société civile, déplorent que tout le débat politique soit phagocyté par des questions ethniques, exacerbées par les différents représentants. Chacun avance ses pions, chacun joue de provocations. La «poudrière» des Balkans est aussi l’endroit où pourrait se rejouer, plus de 100 ans après la Première guerre mondiale, laquelle avait commencé à Sarajevo, l’enchaînement catastrophique du jeu des alliances. Ou bien verra-t-on enfin venir l’apaisement, auquel aspire la majorité des Bosniens.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

0 Commentaire