Culture

Au début de son livre, Alexandre Lacroix, le directeur de rédaction du magazine Philosophie, invite ses lectrices et ses lecteurs à se remémorer quelque chose que nous avons tous fait. «En promenade dans un coin de nature qui nous enchante, nous nous apprêtons à prendre une photographie (…), mais, malheureusement, il y a un énorme pylône sur la droite (…). Nous cadrons de façon à ce que le pylône n’apparaisse pas sur la photo.» Cette minuscule falsification entretient «une image mentale idéalisée de la nature», nous empêche ensuite de voir les choses telles qu’elles sont. L’auteur documente comment la nature est globalement saccagée par l’activité humaine, laquelle fait également disparaître massivement certaines espèces. Tout cela change nos paysages, en fait disparaître certains, modifie les sons et les couleurs de notre quotidien. A partir de là, il y a deux scénarios possibles: «L’érosion continue, par paliers, du goût pour la nature (…). Les êtres humains vont s’habituer à vivre dans des environnements de plus en plus endommagés.» Ou alors: «Un réveil ou une exacerbation des sensibilités. (…) Les êtres humains du XXIIe ou du XXIIIe siècle porteront sur notre ère productiviste un regard sévère.» Au cœur de la nature blessée n’est pas un livre moralisateur. Il nous encourage simplement à regarder le monde tel qu’il est.