Culture

400 ans avant la parution du Dracula de Bram Stocker, se déroule l’histoire vraie de Vlad Dracula, dit «Țepeş», l’Empaleur. Nous sommes en Valachie, une principauté qui n’est pas encore une partie de la Roumanie, au XVème siècle. Il sera question des Ottomans, des croisades tardives, de luttes de pouvoirs entre rois, empereurs, princes, voïvodes et boyards; nous sommes au temps de la chute de Constantinople, de la diffusion de l’imprimerie, de l’invention des armes à feu. Dans une Europe bouleversée, Vlad, IIIème du nom, pratique la diplomatie du sang. Son surnom de «l’Empaleur» ne vient pas de ce qu’il a inventé cette pratique de torture, mais l’a systématisée, «démocratisée». Il laisse derrière lui des forêts de cadavres empalés, comme outil probablement efficace de pression et de négociation politiques. «Dracula» vient de «dragon», un ordre de chevalerie, mais il peut aussi signifier «diable». Cette série de podcasts est très érudite et souvent méditative. Le prince (que Stocker a fait comte dans son roman) y est à la fois humanisé, exfiltré de la légende sanglante, dissocié de son alter ego le vampire, et conforté dans son image de tyran cruel, impitoyable. On le raconte petit garçon voulant venger la mort de son père et de son frère, on le montre fou, paranoïaque et colérique, on dessine son portrait: yeux verts, cheveux noirs et bouclés, cou de taureau... Loin de la légende romantique du vampire aux canines pointues, proche d’un fantasme très occidental de la sauvagerie de l’Est. Vlad l’Empaleur, «le "Roumain" le plus célèbre avec Ceausescu» (mais n'est-ce pas la même chose?), a traversé les siècles comme l’un des avatars du diable. A ce titre, il est immortel.