Culture / Quand la langue bouge autour du sexe
«Les mots du Q», Camille Aumont Carnel, Editions Le Robert, 400 pages.
«Et si on faisait bouger la langue pour faire bouger les sexualités?» La collection Dire c’est agir des éditions Le Robert contredit celles et ceux qui prétendent que la langue est séparée du réel. Camille Aumont Carnel a décidé de parler de sexualité de façon joyeuse, ça fait du bien. Et elle affirme que maîtriser le langage − quitte à inventer des mots −, c’est «agrandir sa zone de pouvoir». Elle a demandé l’aide, pour cet ouvrage, d’une linguiste, Noémie Marignier, ce qui ne va pas faire plaisir aux conservateurs de la langue. Ce livre regroupe des mots et des expressions évoquant les sexualités. Par exemple, «en avoir rien à mouiller», un pendant féminin du masculin «en avoir rien à foutre». Il y a aussi le décomplexé «faire une Pollock», qui signifie «enlever un tampon (hygiénique, ndlr.) et éclabousser toute la superficie des toilettes…» Toutes sortes de situations et de pratiques sont évoquées dans ce génial dictionnaire, comme la masturbation, l’excitation, les orgasmes, le sexe qui fait mal, l’éjaculation, l’intersectionnalité, les pratiques empouvoirantes… J’ai beaucoup aimé, entre autres, «faire du sale», qui «se démarque clairement d’une vision très aseptisée de la sexualité», et «le syndrome de la bite invisible» qui exprime «la sensation d’avoir encore un pénis dans son vagin ou son anus après un rapport». Oui, la langue c’est génial quand c’est vivant et que ça se glisse partout, y compris sur et dans le sexe.
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