Culture

Poétique et politique. Deux mots rarement attachés. Et pourtant l’un et l’autre qualifient bien ce livre hors du commun. Sur une ville encore plus inattendue. Au fond le plus sombre d’Ukraine, dans le Dombass, à deux pas de la ligne de front avec les républiques séparatistes. Elle a longtemps porté le nom de la métropole américaine. Bizarrerie due à une histoire compliquée où interviennent des colons ménonites d’origine allemande. Ce bout d’Europe de l’est a connu tant de vagues, tant d’occupations. Le photographe genevois Niels Ackermann en a ramené des images qui parlent, qui entraînent dans les rêveries. Ce lieu si modeste, si déglingué, si largué de toutes parts, c’est bien sûr l’opposé absolu de Manhattan. Mais aussi l’évocation de la fluctuation des peuples, du flou des frontières, physiques, mentales, imaginaires. Les textes sont dus à un grand connaisseur de l’Ukraine, Sébastien Gobert, qui donne aux curieux les clés de la ville, du pays, de quelques soubresauts de l’époque.