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Culture / Le marxisme-léninisme aide-t-il à gravir les montagnes?


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«Les alpinistes de Mao», Cédric Gras, Editions Stock, 300 pages.



Si en 1953, Edmund Hillary et Tenzing Norgay ont atteint le sommet de l’Everest en passant par le Népal, la face Nord de la plus haute montagne du monde, la face tibétaine, était toujours vierge en 1960. La Chine est alors gouvernée d’une main de fer par Mao Tsé-Toung, qui n’est pas moins terrifiant que ne le fut Staline dans le genre «dictateur rouge». Après avoir publié Les Alpinistes de Staline en 2020 (prix Albert-Londres), Cédric Gras fait aujourd’hui le récit de la conquête de l’Everest par ceux de Mao, et ça se lit sans faim. «En 1956, dix des quatorze plus hauts sommets de la Terre ont été gravis sans qu’aucun alpiniste socialiste en ait même approché un seul», explique l’auteur. La pression est donc forte pour ne pas laisser ce monopole aux «nations capitalistes». Cédric Gras a travaillé sur la base d’archives pour livrer le récit de cette ascension tout à la fois rocambolesque et idéologique. Entrainés par les alpinistes soviétiques, les «désignés volontaires» chinois préparent une première tentative fixée au printemps 1959, pour le 10ème anniversaire de la République populaire de Chine. Tentative avortée à cause du soulèvement tibétain, lequel sera réprimé dans le sang. Ce sera donc un an plus tard, le 25 mai 1960 à 4h20 du matin, que les alpinistes de Mao parviendront   ̶ selon eux et leur gouvernement, mais de sérieux doutes demeurent   ̶ au sommet de l’Everest, où ils déposeront le buste en plâtre de Mao qui faisait partie de leur équipement. «Jamais l’alpinisme n’a été aussi politique. Jamais il n’a été autant dénué de toute culture alpine…», écrit Cédric Gras.

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