Culture / La langue a une histoire et elle est vivante
«Histoire linguistique de la Suisse romande», Andres Kristol, Editions Alphil, 3 volumes, 984 pages.
A écouter certains – certaines aussi – néo ou ancien conservateurs, on pourrait croire que notre langue est en danger, attaquée de toutes parts, par l’anglais, par l’écriture inclusive, par l’inculture de la jeunesse… Mais de quelle langue parle-t-on? Particulièrement ici, en Suisse romande. Le français?, celui de Paris?, de l’Académie? L’étude des langues et de leurs évolutions est passionnante, et le magnifique coffret réunissant les trois volumes de l’Histoire linguistique de la Suisse romande un outil exceptionnel. Andres Kristol, aujourd’hui à la retraite, a étudié la sociolinguistique, enseigné l’histoire de la langue française, puis a été directeur du Centre de dialectologie et d’étude du français régional. Prétendre résumer ici la somme de connaissances et d’informations qu’il nous livre aujourd’hui serait stupide. Citons juste une phrase de sa conclusion: «Il y a une constante qui émerge, lentement, mais sûrement, depuis la deuxième moitié du XVIème siècle dans les cantons de tradition protestante, un peu plus tard dans les régions catholiques: la Suisse romande est un pays qui se veut francophone, et qui fait même de sa francophonie culturelle un facteur économique et identitaire important. Ce désir de paraître et – finalement – d’être francophone se manifeste, depuis plus de deux siècles maintenant, par une sorte de déni permanent de son passé linguistique qui était plurilingue.» Une conclusion où l’auteur rappelle également que l’orthographe ne cesse de changer, lentement mais sûrement. Et plutôt que de faire des prédictions linguistiques pour l’avenir, Andres Kristol préfère se «laisser surprendre que de savoir ce qui nous attend.» Oui, la langue est vivante, son histoire le confirme.
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