Culture / La jouissance au-delà des apparences
«Mou», Benoît Feroumont, Editions Dupuis, 96 pages.
Charles n’est pas vraiment épanoui, ni dans sa vie professionnelle – il est livreur à vélo – ni dans sa vie affective – sa mère le traite d’incapable et sa vie amoureuse est au point mort, comme sa sexualité. Jusqu’au jour où il boit par inadvertance une potion chimique qui va le transformer, au propre comme au figuré. Je ne vous en dirai pas plus pour ne pas spoiler – je l’ai déjà dit, il s’agit d’un mot qui vient de l’ancien français espoillier, lui-même ayant pour origine le verbe latin spoliare qui signifie «ruiner», «piller»… Je ne vais donc pas ruiner la surprise de cette transformation. Mais je vais quand même dire que la vie de Charles va devenir très érotique et, alors qu’il était plutôt mauvais amant, il va être très demandé par des femmes désireuses de jouir sexuellement, et c’est bien leur droit, bon sang! L’érotisme de Feroumont est charmant, bon enfant, frais, léger. Ce que raconte Mou, c’est que la jouissance sexuelle n’a rien à voir avec la performance, surtout rien à voir avec l’apparence. Aussi que cette jouissance est un cadeau et qu’il est vain d’imaginer pouvoir la mettre en cage. Et encore qu’on peut la partager avec plusieurs personnes, peu importe leurs sexes et leurs genres, individuellement ou collectivement. Enfin, que cette jouissance-là, celle du sexe joyeux, consenti et non-contraignant, inquiète le pouvoir. Voilà donc un très charmant manifeste qui encourage à larguer les amarres sexuelles, e la nave va.
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