Culture / La guerre a aussi un visage de femme
«Femmes photographes de guerre», au Musée de la Libération de Paris, jusqu’au 31 décembre 2022.
Etre une femme, sur une zone de guerre, c’est ne pas être perçue comme une menace. Ainsi la photographe Susan Meiselas explique comment elle a gagné la confiance de ce combattant de la guérilla au Nicaragua, visage masqué, qui s’avère être... une combattante. Elles sont huit femmes, photographes, qui ont couvert en tout 75 ans de conflits armés dans le monde entier. Deux ont été tuées sur le terrain, plusieurs ont complètement abandonné la photographie. Gerda Taro, Lee Miller, Catherine Leroy, Christine Spengler, Françoise Demulder, Susan Meiselas, Carolyn Cole et Anja Niedringhaus n’ont rien à envier aux Robert Capa, Don McCullin ou Evgueni Khaldei. Cette exposition le prouve, avec une sélection resserrée de 80 clichés, de la guerre d’Espagne à la deuxième guerre d’Irak. On y fait mentir, une fois de plus, l’idée reçue selon laquelle les femmes seraient cantonnées à travailler à l’arrière, sur les civils, les réfugiés, les blessés... Toutes sont montées au front, au plus près des soldats, ont photographié sous les bombes, ont saisi la mort en marche. Au bout du parcours, un sentiment diffus nous assaille. Cette femme palestinienne défendant sa maison avec un fusil d’assaut; ce soldat américain embrassant le corps de son camarade tué au Vietnam; ces chairs calcinées, ces paysages urbains dévastés, ces canons, ces visages sidérés et ce sang, nous les avons déjà vus. Nous les voyons ces jours et les verrons encore. C’est pour ne pas nous y habituer qu’il faut les photographier et les montrer au monde, encore et encore.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
0 Commentaire