Culture

Les Malgré-Nous, ce sont ces Alsaciens et Mosellans qui furent engagés de force dans l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale, certains même dans la Waffen-SS. Le père de Joël Egloff a été l’un d’eux, en 1944, alors qu’il avait 18 ans. Ces féroces soldats ne fait pas que le récit de ce destin-là. Joël Egloff parle également de celui de sa mère et de ses grands-parents. Et de celui de cette région de France qui a été allemande à plusieurs reprises avant de redevenir française. Il y a un malaise persistant dans le livre. Comment vit-on entre deux identités, entre deux pays, entre deux cultures? A la fin de la guerre, la France s’est en partie inventé un récit la faisant plutôt résistante que collaborationniste. Quelle place pour les Alsaciens et les Mosellans dans ce récit très manichéen? Le père de l’auteur insistait lorsqu’il parlait de la guerre: il n’y avait tué personne, son fils veut le croire. En 2010, il a reçu un «diplôme d’honneur aux combattants de l’armée française. 1939-1945. En récompense de son action pour la France.» «On ne savait décidément pas quoi faire de toi, écrit Joël Egloff, ni dans quelle classe te mettre. C’en était grotesque. Tu étais, comme les cent trente mille autres qui avaient partagé ton sort, une anomalie de l’Histoire, une ombre au tableau. Un grain de sable dans le récit trop bien huilé du combat entre les héros et les lâches, les bons et les salauds.»

Joël Egloff sera au Livre sur les quais, à Morges, vendredi 30 août, samedi 31 août et dimanche 1^er septembre.