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Culture / L’extrême de l’extrême droite


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«L’Assiégé», Renaud Dély, Editions JC Lattès, 272 pages.



On a beaucoup glosé en France, ces derniers mois, sur ce que pouvait être «l’ultra droite», et s’il s’agissait d’une forme extrême de l’extrême droite, ce qui pose déjà un certain nombre de problèmes logiques et de classification. Sans entrer dans ce débat, le journaliste Renaud Dély, qui s’intéresse à cette famille politique au sens large depuis plusieurs années, a réalisé cette biographie d’un «gourou», maître à penser et référence de tous les intellectuels et militants de ce bord, Dominique Venner. L’homme, né en 1935, s’est donné la mort en 2013 en se tirant une balle dans la tête, à l’intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il entendait, par ce geste, mobiliser les consciences, tirer la sonnette d’alarme pour les «peuples blancs» menacés de «disparition» par la «submersion migratoire afro-maghrébine». Un échec, semble-t-il, même si l’on ne peut enlever à Venner le panache d’être mort pour ses idées. Des échecs, des déceptions, jalonnent son parcours et ses mille vies, que Renaud Dély s’est efforcé de reconstituer. On découvre en particulier dans les pages consacrées au service de Venner en Algérie, pendant la guerre, combien ce passionné d’armes à feu et de couteaux savait déjà, jeune soldat, se montrer implacable avec ses ennemis. Jusqu’à commettre des exactions. On comprend aussi comment a tenté de se recomposer l’extrême droite après la fin de la Seconde Guerre mondiale, combien ses accointances avec des figures de la collaboration ne sont pas des fantasmes destinés à effrayer les potentiels électeurs du Rassemblement National d’aujourd’hui. Ce que montre l’auteur, ce n’est pas que Marine Le Pen est une nazie, c’est que l’histoire politique est constituée d’héritages, parfois reniés, parfois assumés; c’est que la pensée est toujours une vaste généalogie.

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