Média indocile – nouvelle formule

Culture

Culture / L’existence, ce jeu aux règles floues


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«Le Grand Jeu», Elena Tchijova, Editions Noir sur Blanc, 320 pages.



Cela fait plus que jamais du bien de lire des auteurs russes, d’autant plus lorsqu’ils sont contemporains. Ça lave la tête de tous les poncifs sempiternellement égrenés dans les médias. Les Russes ceci, les Russes cela – c’est la même chose avec les Israéliens, les Palestiniens, les Américains et tous les peuples; la généralisation est une pauvreté de l’esprit, heureusement que la littérature est là pour en contrer les effets. Le livre d’Elena Tchijova est d’abord une œuvre littéraire, c’est-à-dire un style, une construction, un assemblage de mots et de phrases créant un monde, des ambiances, des sentiments chez le lecteur, des sensations. C’est ensuite l’histoire de trois personnages principaux, vivant à Saint-Pétersbourg: Anna, sa mère et son fils. Anna a été institutrice et elle est aujourd’hui une femme de ménage d’une cinquantaine d’années, en bas de l’échelle sociale donc, où elle lutte pour exister aux yeux des autres. Sa tyrannique mère a vécu, enfant, l’effroyable siège de Léningrad et elle garde les détails de sa vie d’alors secrets. Le fils a grandi sans père et sans ami, c’est un geek, il veut concevoir un jeu vidéo qui fera sa fortune et sa renommée. Le livre débute le 18 mars 2014, le jour de l’annexion de la Crimée par la Russie. La mère d’Anna perd la tête, mêle ses souvenirs de la guerre avec des commentaires négatifs sur les actions russes en Ukraine, son petit-fils l’enregistre et diffuse les monologues de sa grand-mère sur l’internet, ce qui ne sera pas sans conséquences. C’est bien sûr un livre sur les secrets, sur la culpabilité, individuelle et collective. Mais on peut aussi voir dans Le Grand Jeu des personnages se débattant dans des existences dont ils n’ont pas défini eux-mêmes les règles, et l’on se pose alors la question: qu’en est-il pour nous mêmes?


Elena Tchijova parle de son livre

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