Culture / L’espace vers lequel convergent les opposés
«Méditerranée. Récit du milieu des terres», Mondher Kilani, Editions Dépaysage, 99 pages.
Son nom, d’abord, à cette mer. La Méditerranée est «la mer entre les terres ou au milieu des terres». Mondher Kilani est anthropologue, il est né en Tunisie, puis il l’a traversée, cette mer, pour venir en France, puis en Suisse, où il est aujourd’hui, entre autres, professeur honoraire de l’Université de Lausanne. Dans son livre se mêlent autobiographie, anthropologie, histoire, culture, politique. La Méditerranée est à la fois un lien et un séparateur, écrit l’auteur. Et on le lit avec attention, conscient qu’aujourd’hui certains la traversent pour aller en vacances au Maroc ou en Tunisie, tandis que d’autres le font, en sens inverse, à la recherche d’un peu de prospérité. «La Méditerranée est comme l’île des Lotophages qui captiva les compagnons d’Ulysse (…). Comme eux, plus on goûte à ses fruits, plus on néglige le souvenir du passé et la conscience de l’histoire. C’est son grand paradoxe. Elle fabrique les civilisations et les entremêle, mais en même temps elle les fait s’affronter et se réduire au silence. Elle est, pour utiliser une image de Gustave Flaubert, la vague qui vient effacer sur le sable la trace de celle qui la précède.» C’est en érudit que Mondher Kilani présente la Méditerranée, mais également intimement. «N’est-ce pas finalement le propre de toute identité que d’être d’ici et d’ailleurs? C’est ce que je suis à cet instant même où j’écris sur la Méditerranée. Je suis né sur la rive sud et écris depuis l’autre rive. Je suis l’espace vers lequel convergent les opposés.»
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