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Culture

Culture / Découvrir le Donbass dans un polar

Jacques Pilet

25 mars 2022

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«Donbass», Benoît Vitkine, Le Livre de Poche, 320 pages.



Il a donc fallu une guerre pour que l’on s’intéresse à l’Ukraine. On trouve enfin à l’étal des librairies ce qu’il faut pour s’y familiariser. Avec Le Pingouin ou Les Abeilles grises de Andreï Kourkov (Ed. Liana Levi) qui écrit en russe et décrit avec subtilité la vie aux abords des «républiques autoproclamées» de l’est. Ou la somme historique de Pierre Lorrain, L’Ukraine, une histoire entre deux destins (Ed. Bartillat). Ou aussi, si l’on préfère les polars... le Donbass de Benoît Vitkine (Ed. Livre de poche), le correspondant à Moscou du Monde qui a beaucoup traîné ses guêtres sur la ligne de front bien avant que tout le monde en parle. Lauréat du Prix Albert-Londres 2019, ce journaliste sait emporter le lecteur dans une intrigue à rebondissements, et surtout le plonger dans le climat des lieux, au ras des appartements miteux, des pintes où se saoulent les soldats malgré l’interdiction de leur vendre de l’alcool. A chaque page on entend le vacarme des obus qui détruisent les maisons de part et d’autre. Et soudain, la découverte d’un enfant de six ans, un couteau planté dans le ventre. Il vivait chez sa grand-mère un peu perdue, avec un chat qui se cachait au bruit des explosions. Quels sont les salauds qui ont fait ça? Il n’en sait rien, le chef de la police bedonnant qui s’efforce avec peine de parler l’ukrainien quand un ministre de Kiev est de passage. Lui qui a tout vu et son contraire va perdre son flegme. Les uns accusent «les Russes», d’autres les Ukrainiens passés «bon bord» non sans hésitations, par conviction ou opportunisme. Le café est saumâtre, les œufs au plat rabougris, les tristes héros crachent leurs poumons noircis et titubent imbibés de vodka. Le récit ménage le suspense et en attendant, tous les protagonistes se demandent: «ça va taper dur ce soir?»

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