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Culture

Culture / D’Astier, héritier à histoires

Marie Céhère

17 juin 2022

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«Emmanuel d’Astier. La conversion d’un résistant», Aurélien Raynaud, Editions Fayard, 352 pages.



Dans le Panthéon des héros français, les Compagnons de la Libération, nombreux sont les mauvais élèves, mauvais sujets et autres voyous ou demi-voyous. Emmanuel d’Astier de La Vigerie (1900-1969) en est. Pour saisir à quel point sa trajectoire est faite de détours, depuis les mondanités aristocratiques, les fumeries d’opium et l’Ecole Navale, jusqu’à la clandestinité de la Résistance puis la politique à gauche toute, il ne fallait pas exactement une biographie. Le travail d’Aurélien Raynaud à cet égard montre toute sa pertinence, parce qu’il s’attache à saisir le parcours de l’homme dans les champs de force qu’il traverse. A situer les milieux, les entourages, les circonstances et les virages. La conversion d’un résistant est davantage un ouvrage de sociologie qu’une énième biographie, jamais exempte de son volet hagiographique. Ici, il s’agit de comprendre comment cet enfant d’une famille d’aristocrates, écrasé par les gloires militaires des hommes qui l’entourent, devient un «mauvais officier de marine», décide de se tourner vers la bohème littéraire, publie des articles antisémites puis, grâce à sa rencontre avec Lucien Vogel, fermement antinazis, s’engage dans la Résistance des toutes premières heures, fonde le puissant mouvement Libération-Sud, le journal du même nom, et achève sa carrière en politique, compagnon de route du Parti communiste. Pulsion de transgression, haute idée de sa valeur et de la France, goût de l’inattendu et de l’action, certes, mais tout cela est remis en perspectives et éclairé de nombreuses sources. Au final, un traité d’insoumission sociale en temps de guerre. 

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