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Culture

Culture / Ça sent la sciure et la sueur, le sang aussi

Patrick Morier-Genoud

15 décembre 2023

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«Le Haut-Fer», José Giovanni, Frédéric Brrémaud, Paolo Raffaelli, Editions Paquet, 120 pages.



Le haut-fer, dans le massif des Vosges, c’est une scierie où une lame verticale débite des grumes. C’est aussi un livre de 1962, écrit par José Giovanni et dont sera tiré un film en 1965, Les grandes gueules, par Robert Enrico, avec Bourvil et Lino Ventura dans les deux rôles principaux. Aujourd’hui, c’est une bande dessinée. Hector Valentin revient du Canada après avoir hérité de la scierie de son père dans les Hautes-Vosges. Mais les gens du coin lui sont plutôt hostiles, surtout le propriétaire d’une autre scierie. Ayant de la difficulté à trouver de la main d’œuvre, il engage deux taulards à peine sortis de prison, puis d’autres. Les dessins de Paolo Raffaelli rendent parfaitement l’atmosphère, tout à la fois du début des années soixante, des Hautes-Vosges et de ces hommes en marge abattant du bois dans un environnement inhospitalier. Ça sent la sciure et la sueur, le sang aussi. Ce pourrait être un western, les personnages s’affrontent eux-mêmes ou entre eux. Il y en a des courageux, des moins courageux, des sympas, des moins sympas. José Giovanni (1923-2004) a fait onze ans de prison avant de devenir écrivain (Le haut-fer est son quatrième roman); une enquête de l’agence de presse suisse BRRI de Roger de Diesbach l’a accusé, en 1993, d’avoir collaboré avec les Allemands et la milice française pendant la Seconde Guerre mondiale. «J'ai payé. J'ai droit au pardon et à l'oubli», aurait-il déclaré à l’époque. Tout ça pour dire que certains des personnages de ses romans noirs lui ressemblaient sans doute et qu’il connaissait bien la truanderie et la prison. La bande dessinée de Frédéric Brrémaud et Paolo Raffaelli est âpre, comme le roman et comme le film. 

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