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Chronique / Ophélie et Slobodan, même combat


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La plume qui caresse ou qui pique sans tabou, c’est celle d’Isabelle Falconnier, qui s’intéresse à tout ce qui vous intéresse.



Le Ramadan touche à sa fin. Certes, nous avons eu quelques attentats depuis son début, des attentats gros, petits ou ratés comme à Bruxelles, et même une attaque islamophobe devant une mosquée.

Mais l’événement le plus intéressant de ce Ramadan 2017, on le doit à Ophélie Winter, née Kleerekoper, chanteuse, comédienne et people française d’origine hollandaise. Le 11 juin, elle a fait part à son public, via Twitter, à la fois du fait qu’elle avait testé le jeûne du Ramadan, mais qu’elle devait arrêter pour cause de perte de poids trop importante – six kilos en deux semaines, sur son corps de «poulet rôti», ça ne le faisait «pas du tout».

En deux phrases, elle venait de réduire ce sacro-saint Ramadan qui fait tourner la moitié du monde au ralenti pendant un mois chaque année, envoie en prison de jeunes Tunisiens sous prétexte qu’ils mangent dans un jardin public avant le coucher du soleil, en un simple régime qui fait perdre des kilos. Le tweet d’Ophélie Winter a mis la puce à l’oreille à une autre moitié du monde, celle composée des femmes cherchant à maigrir: après le régime hypocalorique, le régime hyperprotéiné, dissocié ou Dunkan, le régime Ramadan? Et si ça marchait?

En un tweet, Ophélie a réussi à faire ce qu’aucun politique, aucun sociologue, aucun philosophe, aucun policier, aucun leader démocrate n’a réussi depuis le 11 Septembre 2001 et la folie islamiste qui pourrit le monde: banaliser la religion. Mieux: banaliser l’Islam. En faire un truc qu’on essaie «pour voir». Une expérience sympathique que l’on commence, et puis arrête, et puis partage sur les réseaux sociaux. Comme la cuisine japonaise ou le pilates. Sans mille précautions, sans peur de désacraliser, sans annoncer une conversion mystique avec voile à la clé, sans peur d’attraper une fatwa au passage. C’est fantastique. Nous devrions tous être des Ophélie Winter. Je suis Ophélie Winter.

En Valais, Slobodan Despot, écrivain, éditeur, ex-conseiller politique d’Oskar Freysinger, a réussi l’inverse: transformer un banal régime hypocalorique en une Expérience de Jeûne Mystique et Révolutionnaire. Ayant quelque peu forci durant l’année 2016, il s’est réfugié un mois ce printemps dans un centre de cure sur les bords du lac Baïkal. Depuis, tel le Premier Homme ayant Jamais posé le pied sur la planète Régime, il se fait l’apôtre de l’«expérience médicale et scientifique d’une grande portée» qu’il a vécu, racontant la chose chaque semaine aux abonnés de son Antipresse, organisant des soirées de conférences et annonçant un livre sur le sujet. Sans jamais dévoiler ce détail d’une grande vulgarité terre-à-terre: le nombre de kilos perdus.

C’est fantastique.

Il faut du génie pour réussir l’un, et l’autre.

Je suis Ophélie Winter ET Slobodan Despot.

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