Lu ailleurs / Une base américaine face à la Crimée
Pas trace dans les médias francophones de cette information pourtant révélatrice. La Navy construit une base en Ukraine, sur la Mer noire, face à la Crimée et le port russe (datant de bien avant l’annexion) de Sebastopol. Les travaux viennent de commencer près de la petite ville de Ochakiv (16 000 habitants principalement russophones) où apparaît déjà une longue piste d’atterrissage inconnue des registres habituels. On la voit néanmoins sur les images satellites, longue de 3 km, pas précisément destinée aux petits avions d’aéroclubs.
Le communiqué officiel de la Navy, passé inaperçu, se félicite de la première coopération étroite avec les troupes d’élite ukainiennes. La démarche est ainsi commentée: «Le début des travaux de construction en Ukraine est une réalisation importante pour NMCB 1 (Naval Mobile Construction Battalion), a déclaré le lieutenant Jason McGee, responsable du détachement Ukraine. Notre capacité à maximiser les initiatives européennes d'apaisement en Ukraine revêt une importance stratégique et va finalement améliorer la capacité et l'infrastructure de défense du pays hôte, renforcer les relations et accroître les capacités de formation bilatérales.»
On est très loin du temps (en 1989) où les Occidentaux promettaient – oralement – à Gorbatchev de ne pas étendre la présence de l’OTAN aux frontières de la Russie en échange de son acceptation de la réunification allemande. L’organisation atlantique a pris pied maintenant en Pologne, en Roumanie, dans les pays baltes. Manquait l’Ukraine. C’est en train de se faire en douce.
Les Européens, Allemands et Français en tête, qui, avec Kiev et Moscou, s’efforcent d’apaiser la situation dans l’est de l’Ukraine à travers le traité de Minsk ne pourront que se désoler de ce qui ressemble à une provocation américaine. L’extrême tension actuelle entre Moscou et Washington a des retombées directes sur le fragile équilibre de la région. Ce qui frappe, c’est l’apparente indifférence des gouvernements européens face à ces manœuvres ainsi que la totale ignorance des opinions publiques. Il est vrai qu’il existe quelque 800 bases militaires autour du monde. Une de plus, une de moins… Celle-ci est pourtant névralgique, si près du nerf de la guerre.
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