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Lu ailleurs / Lettonie, le casse-tête post-soviétique


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La «NZZ» du 13 janvier dernier a publié un grand reportage sur l’est de la Lettonie, qui se trouve être russophone et qui est très marqué par l'influence de la Russie. Un fait qui dérange les dirigeants lettons, qui pensent que la langue et la culture lettonnes doivent primer. Un casse-tête post-soviétique pas unique du tout.



Avec une série de mesures, le gouvernement de Riga veut effacer tout ce qui est russe dans le pays. Le letton est la seule langue officielle, mais 37% de la population parle le russe comme langue maternelle. Dans l'est du pays, dans la région de Daugavpils, ce chiffre atteint 80 à 100% de la population. Ce qui n'était pas un problème pendant des décennies est devenu un enjeu politique après l'attaque russe contre l'Ukraine.

La Lettonie, qui a été occupée par l'Union soviétique de 1940 à 1941 et de 1945 à 1991, est indépendante depuis 32 ans. Durant cette période, la transition vers la langue lettonne a été difficile; il manquait et il manque toujours des enseignants dont le letton est la langue maternelle dans la région russophone. Et il manque aussi des ressources financières. 

Il ne faut pas oublier que l'Union soviétique a atteint sa plus grande extension au cours de la Seconde Guerre mondiale, avec l'incorporation des pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), de la Bessarabie, de la Touva, de la partie nord de la Prusse orientale ainsi que de territoires finlandais, polonais, tchécoslovaques et japonais. L'URSS était ainsi, dans l'histoire récente de l'humanité, l'Etat disposant du plus grand territoire d'un seul tenant. Le russe reste la langue de la communication interethnique, du commerce et des affaires, officiellement ou officieusement dans plusieurs pays ex-soviétiques. En Ukraine, ce fut l'un des points chauds du débat lors des élections présidentielles de 2004: Viktor Ianoukovytch était favorable à l'introduction du russe comme deuxième langue officielle, tandis que son rival Viktor Iouchtchenko s'y opposait.

Toute tentative de changer une langue parlée est vouée à l'échec, la dernière expérience en Suisse  l'a montrée, lorsque l'on a tenté, avec des millions de subventions, d’introduire une langue écrite suprarégionale Rumantsch Grischun.

En été 2003, le Grand Conseil du canton des Grisons a décidé qu'à partir de 2005, les manuels scolaires rhéto-romanches ne seraient plus publiés qu'en rumantsch grischun. Le cap était ainsi donné d'introduire la nouvelle langue standard comme seule langue écrite dans les écoles, ce qui a déclenché de vives réactions. Cette tentative est «considérée comme un échec» par l'écrasante majorité des personnes interrogées, peut-on lire dans le rapport d'évaluation du Centre pour la démocratie d'Aarau sur mandat de l'Office fédéral de la culture (OFC). La langue écrite aurait au contraire engendré de nouveaux problèmes. Parmi ceux-ci, le manque de connaissances des enseignants dans les idiomes.

La langue est plus qu'un simple moyen de communication: elle fait partie intégrante de notre identité. La langue que nous parlons est indissociable de notre personnalité et de notre appartenance culturelle. Mais la langue évolue, change et s'adapte. Des générations passeront avant qu'une langue parlée ne change, ne disparaisse ou ne s'adapte. 

Rien ne peut l'imposer.


Lire l'article original.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

3 Commentaires

@XG 19.01.2024 | 08h14

«Merci pour cet article, effectivement un gouvernement ne peut pas imposer une langue. Les Serbes ont essayé d'imposer la leur au Kosovo, avec les résultats que l'on sait. Les Ukrainiens ont banni la langue russe, ils sont maintenant en train de perdre une grande partie de leur territoire. Ce serait quand même dommage et idiot que la même chose arrive aux pays baltes. Combien de temps encore cet aveuglement jusqu'au boutiste des pays européens va-t-il continuer?»


@Chan clear 19.01.2024 | 16h00

«Lu avec intérêt…le letton est une langue , heureusement pour ceux qui doivent l’apprendre, trés belle et douce que l’on discerne tout de suite du russe , à l’intonation. Pourquoi ne pas apprendre les deux les catalans sont un bon exemple de diversité. La Linguiste du film de Denis Villeneuve «  premier contact » explique qu’ une langue influence notre mode de pensée. Mis à part ça en Suisse nous sommes bien placés pour prouver que cela est possible, passer de l’allemand au français ou au suisse italien, quelle chance ! »


@ compagnon de cordée 22.01.2024 | 15h57

«@XG ...une petite partie de leur territoire, mais rien n'est encore dit.»


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