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L’explorateur portugais Ferdinand Magellan a, entre autres, donné son nom à deux galaxies voisines de la nôtre, les Grands et Petits Nuages de Magellan, visibles surtout depuis l’hémisphère sud. Problème, raconte le «Guardian», ce nom évoque de sombres souvenirs dans certaines de ces régions.



C’est l’astronome américaine d’origine philippine Mia de los Reyes qui a lancé la charge dans la revue spécialisée APS Physics. Elle en appelle à l’organisme chargé de la dénomination des objets célestes, l’Union astronomique internationale (IAU) pour rebaptiser ces deux galaxies. Et ses arguments sont plutôt recevables.

Premièrement, ces Nuages ne sont pas la découverte de Magellan. C'est ce qu'appuie le professeur David Hogg, de l’université de New York. Ils furent en effet baptisés du nom du navigateur au XIXème siècle. Avant cela, les peuples autochtones de l’hémisphère sud pouvaient bien sûr déjà les observer, et leur avaient déjà donné un nom.

Deuxièmement, et surtout, le nom de Magellan n’est pas vraiment synonyme de progrès et de raison. En 1519, il dirige la première expédition maritime autour du monde, vers l’Asie via le Pacifique. Il meurt deux ans plus tard lors d’une bataille avec les peuples des actuelles Philippines. «Dans ce qui est devenu Guam et les Philippines, lui et ses hommes ont incendié des villages et tué leurs habitants», raconte Mia de los Reyes.

Ces actes sont largement passés sous silence, voire ignorés en Occident, mais il apparaît évident dès lors qu’associer le nom d’un violent colonialiste à des découvertes scientifiques qui ne sont pas de son fait est pour le moins gênant.

Problème, Ferdinand Magellan a aussi donné son nom à deux télescopes géants et bientôt un troisième, basés au Chili, ainsi qu’au célèbre détroit, à l’extrême sud de la Patagonie. Peu de chances que les cartes de géographie et de navigation soient modifiées. 

La bataille lancée par Mia de los Reyes s’inscrit dans une large volonté de révolution de la nomenclature, qui n’a pas vraiment à voir avec les déboulonnages de statues dont on s’insurge régulièrement. Dans d’autres domaines de la science, on trouve par exemple des espèces nommées d’après Hitler ou Mussolini, qui n'en sont bien sûr pas les découvreurs. Chacun admettra l’embarras.

La NASA semble dernièrement avoir trouvé la solution: ses robots martiens Curiosity, Perseverance et Spirit ne devraient pas avoir à rougir devant l’Histoire.


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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@AndreD 17.11.2023 | 08h52

«Bonjour
Dans "bon pour la tête" , vous "taggez" les articles.
Ici vous avez taggé "colonisation" et "histoire"
Je vous propose de tagger aussi "wokisme" puisque c'est un nème exemple de "l'imposture décoloniale", de la cancel-culture, du déboulonnage de statue.
La solution ne serait-elle pas d'inclure une plaque explicative lors que on regarde la galaxie ?»