Actuel / Vu, lu, entendu et abus
Après la chronique «le bien et le mal au temps du virus» d'Isabelle Falconnier publiée vendredi, en voici une consacrée aux «bons, brutes et truands au temps du virus». Commençons sans tarder par les truands, heureusement minoritaires en cette période troublée.
La médaille d’or truand, mention «gonflés à l’hélium» est attribuée à une étude d’avocats dont les associés – qui se comptent sur les doigts d’une main - génèrent un chiffre d’affaires annuel de plus de 3 millions de francs. Leur loyer? CHF 20'000 par mois, charges comprises, soit 8 % de leur chiffre d’affaires. Nos loulous ont demandé à l’Etat une exonération totale de leur loyer d’avril, décrétant sur l’honneur être en difficulté en raison de la crise Covid-19. Qui devait passer à la caisse? Vous, chers contribuables, à raison de 50 % versés par l’Etat, le solde étant à charge des propriétaires.
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La médaille d’argent truand, mention «petit voyou»: est remise à un cuisinier restaurateur, pas trop connu, employé de sa propre SA avec un salaire proche de 10'000 francs par mois et qui s’est mis au chômage, demandant une exonération totale de son loyer. Parallèlement et depuis mi-mars, il travaille comme cuisinier dans un hôpital d’un autre canton avec un salaire mensuel brut de 5'400 francs. Somme qui viendra sans doute mettre du beurre dans les épinards de ses indemnités chômage.
Médaille de bronze, mention «quand on aime, on ne compte pas»: attribuée à un gentil promoteur, entreprenant, dynamique et excellent dans sa communication. Grand acheteur de masques et autres moyens de protection Covid, sa «générosité» lui a valu des louanges médiatiques dithyrambiques. Certes, une partie de ses cargaisons a été vendue à prix coûtant à des hôpitaux, mais pour le solde, vendu aux entreprises et particuliers, sa marge bénéficiaire et de l’ordre de 35 % brut à vue de nez. Si bien mal acquis ne profite jamais, pas de doute: bien bien acquis profite toujours!
Passons aux bons, qui savent, comme le dit le Talmud, que «celui qui sauve une seule vie sauve l’humanité entière».
Médailles d’or ex-aequo, mentions: «puisque je le peux, je le fais» décernées à:
Ce patron d’une entreprise de construction qui, pendant la fermeture temporaire des chantiers, a continué à payer à 100 % ses ouvriers en s’endettant, à titre personnel, pour le faire.
Cette dame, dont le mari est décédé du Covid-19 et qui a fait don de 10'000 francs à l’équipe de soigneuses et soigneurs qui ont accompagné son mari.
A ce chef d’entreprise au caractère bien trempé, qui – tout en faisant des dons à Caritas, au personnel du CHUV et à la Chaîne du bonheur – a également fait un don important aux organisations de volontaires s’occupant des réfugiés et migrants confinés dans les camps abjects des îles grecques.
A la Chaîne du Bonheur, qui a récolté quelque 35 millions de francs et vient concrètement en aide à celles et ceux qui en ont le plus besoin.
Enfin, une pensée émue, hors catégorie, mention «essayé, pas pu» à ces anars du bon vieux temps, un peu mao, un chouïa trotsky avec une lampée de ligue marxiste révolutionnaire, qui ont lancé la «grève des loyers» en Suisse romande. Leur appel, «exigeant des propriétaires de logements et locaux commerciaux… qu’ils accordent l’exonération des loyers pour une durée minimum de trois mois» est tombé dans des oreilles plutôt sourdes aussi bien des locataires que des propriétaires.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@Alcimar 05.05.2020 | 11h11
«Bravo aux gentils ! Méchants avocats, bouh ! ... et en plus pas très original de vouloir copier ce qu'Adidas pensait faire avec les loyers de ses magasins (ne pas les payer). A quand une votation pour étendre la surveillance par des détectives privés à tous les profiteurs de l'aide publique. Pas de raison que seuls les malades et les rentiers AI aient ce privilège... »