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Actuel / Pas de panique en Bavière

Jacques Pilet

15 octobre 2018

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Que retient-on des commentaires en français sur les élections? Une claque gigantesque à la famille politique jusque-là majoritaire, un tremblement de terre… Doucement les basses. Un vieux parti installé seul au pouvoir depuis des décennies (la CSU) perd des plumes? Quoi de plus normal? Et il se retrouve avec 37% des voix. Il y a bien des perdants qui peuvent être jaloux d’une telle défaite!



On note d’ailleurs que le nouveau leader de la CSU, Markus Söder, se dit certes déçu mais avec une mine de vainqueur. Il a fait un bon résultat personnel et se sent plus fort que jamais. On le verra tôt ou tard sur les plus hautes marches de Berlin. Un rival affiché de la chancelière.

La démocratie allemande fonctionne le plus normalement du monde. Première bonne nouvelle: l’extrême-droite xénophobe (AfD) arrive tout juste à 11%. Après le vacarme autour de la question des migrants de ces dernières semaines, c’est peu. Deuxième constat encourageant: les Verts sont les grands vainqueurs du scrutin (18%). Ils ont manifestement attiré des électeurs de la CSU irrités par les outrances droitières du ministre de l'intérieur. Courir après les populistes, ce n'est pas toujours payant.

Alarme tonitruante: les socialistes (SPD) sont en pleine descente aux enfers, bien qu’ils n’aient jamais été forts dans ce Land: 9,5%. En cinquième position. Car il faut noter qu’un petit parti centriste (Freie Wähler) se maintient avec 11%. Une coalition de centre-droit paraît possible. D’autant que cette région se porte bien. Chômage à 3,8%: dans les faits, selon les critères de l’OIT, moins qu’en Suisse! Et une vigoureuse croissance. Quant à l’accueil des migrants, il se dit qu’il a été particulièrement bien organisé. 

L’effet sur la coalition gouvernementale à la tête du pays? Un mauvais coup pour Angela Merkel? Son alliance avec la CSU bavaroise, déjà difficile, sera plus précaire encore. Mais elle n’est pas mécontente de voir son ministre de l’intérieur, le Bavarois Seehofer, qui a semé la zizanie dans son équipe depuis des mois, encaisse une méchante baffe. Le règne de la chancelière arrive lentement à son terme. La recomposition du paysage, c’est pour l’année prochaine. Même si l’extrême-droite marquera encore des points, rien n’indique que l’Allemagne va vers un bouleversement dangereux pour la démocratie. Elle reste viscéralement attachée à sa stabilité et à sa prospérité. Un bout d’Europe tient bon. Le plus puissant.

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