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Actuel / Les droits des homosexuels, un casus belli entre Afrique et Occident


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Des pays africains déplorent les pressions exercées à leur encontre par les pays occidentaux pour leur dicter leur conduite en matière de droits des homosexuels et des minorités sexuelles dans leur pays.



Sur le continent africain, où plus de la moitié des pays d’Afrique subsaharienne ont une législation sévère à l’égard de l’homosexualité – tandis que d’autres l’ont progressivement dépénalisée – on accepte mal les injonctions des pays occidentaux à s’aligner sur leurs pratiques en la matière. «Les velléités extérieures de nous imposer l’importation de modes de vie et de pensée contraires à nos valeurs risquent de constituer un nouveau casus belli avec les pays occidentaux», a ainsi déclaré le Premier ministre sénégalais et ex-leader de l’opposition Ousmane Sonko; lequel voit même dans cet «activisme» en faveur des homosexuels et des minorités sexuelles de la part des pays européens et américains une des causes de la montée en puissance d’«un sentiment anti-occidental» sur le continent africain et ailleurs dans le monde.

Ces propos ont été tenus lors d’une conférence qu’il a animée le 16 mai dernier à l’Université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) à Dakar, aux côtés d’un Jean-Luc Mélenchon venu apporter son soutien aux nouvelles autorités sénégalaises. Mais qui, sur ce point, a fait part de son désaccord, avant de se faire huer par un auditoire d’étudiants surchauffés, lorsqu’il a émis l’hypothèse qu’un jour, le mariage entre personnes du même sexe pourrait être légalisé au Sénégal, comme c’est le cas en France. Le Premier ministre Ousmane Sonko a en tout cas déploré que «la question du genre ou la défense des minorités sexuelles devienne y compris une condition pour décrocher des financements avec des institutions internationales».

«L’Occident ne viendra pas gouverner l’Ouganda»

Le sujet est extrêmement sensible. Le bras de fer avec les Occidentaux sur cette question est relayé par des institutions financières telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), qui pèsent de tout leur poids pour contraindre des pays à renoncer à criminaliser l’homosexualité. Allant jusqu’à suspendre leurs financements. Au Ghana, la loi votée par le Parlement en février dernier, qui prévoit des peines sévères à l’encontre de personnes appartenant à la communauté LGBTQ, n’a pas encore été ratifiée par le président Nana Akufo Ado. Si celle-ci venait à être promulguée, le président ghanéen redoute une réaction de la Banque mondiale similaire à ce qui s’est déjà passé en Ouganda. L’institution financière internationale a en effet déjà suspendu à deux reprises l’octroi de nouveaux crédits à ce pays d’Afrique centrale, après l’adoption de lois particulièrement répressives à l’égard des homosexuels.

«L’Occident ne viendra pas gouverner l’Ouganda», avait proclamé la présidente du Parlement ougandais, face aux critiques des pays européens et des Etats-Unis, qui avaient brandi la menace de sanctions économiques. Après avoir fait machine arrière dans un premier temps, le président ougandais Yoweri Museveni avait finalement approuvé la nouvelle loi, baptisée «loi anti-homosexualité 2023», considérée comme l’une des plus répressives au monde, se forgeant au passage la stature d’un dirigeant qui tient tête à l’Occident. En refusant de céder aux pressions, il avait ainsi renoncé délibérément à l’aide financière de la Banque mondiale. Ce que le Ghana, pour l’heure, ne peut pas se permettre, n’ayant toujours pas résolu une très grave crise financière assortie d’un endettement record. Plusieurs partenaires européens, dont l’Allemagne, ont déjà fait part de leur désapprobation et des conséquences que l’adoption définitive de cette «loi anti-gay» pourrait avoir sur leurs relations avec Accra. 

Le Vatican provoque un tollé

La marge de manœuvre de la Banque mondiale et du FMI demeure cependant hasardeuse. Le risque de voir le Ghana, comme d’autres pays, se tourner vers la Chine ou des pays arabes pour obtenir les prêts dont ils ont besoin est bien réel. Cela leur permet d’échapper ainsi aux conditionnalités des bailleurs de fonds occidentaux, qu’ils estiment en l’occurrence contraires à leurs propres valeurs. En décembre dernier, la publication d’un texte du Vatican autorisant la bénédiction des couples de même sexe avait d’ailleurs provoqué un véritable tollé et une vague de rébellion au sein des églises africaines. Au Togo, la Conférence des évêques avait carrément appelé à «s’abstenir» de la bénédiction des couples de même sexe.

Des réactions qui s’expliquent par le fait que l’homosexualité est encore assimilée à une «déviance» dans de nombreux pays du continent africain, où 31 pays sur 54 criminalisent les relations sexuelles entre personnes du même sexe. Seule l’Afrique du Sud autorise le mariage homosexuel qu’elle a légalisé en 2006. Dernier pays en date à avoir dépénalisé l’homosexualité: le Botswana en novembre 2021; avant lui, le Gabon et l’Angola avaient assoupli leur législation vis-à-vis des droits des personnes LGBTQ. Dans d’autres Etats, l’homosexualité n’a jamais fait l’objet de mesures pénales, une absence de juridiction qui n’empêche pas un climat généralement répressif. 

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Alain Schaeffer 28.05.2024 | 01h28

«Pour précision, Ousman Sonko a dit lors de son discours en présence de J.-L. Mélanchon que ''la question liée aux mœurs, la question liée à ce qu'il convient d'appeler les LGBTQ risquent d'être un prochain cas de casus belli entre l'Occident et le reste du globe terrestre si elles continuent à être posées de cette façon'' c'est à dire s'il n'y avait pas de considération pour les réalités différentes vécues dans des cultures différentes (ces derniers mots sont ceux prononcés -en résumé- avant la citation). Je glisse lien de la vidéo sur réseau social de l'orateur, l'enregistrement du discours dès la minute à 2h03 pour cet extrait https://www.facebook.com/SonkoOfficiel/videos/2411232242402205/»


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