Actuel / Galerie de portraits à ciel ouvert
D’un garage à un jardin, en passant par quelques bancs et un barbecue sur un carré de gazon, «Etat des lieux», le spectacle d’été de la ville de Sion, balade son public par groupes de 15. Rencontre avec des personnages pittoresques, panorama drolatique d’une certaine solitude urbaine.
«Depuis la machine à laver, les familles ont beaucoup rétréci. Tu peux espacer les accouchements. Tu fais plus un gosse toutes les semaines…», dit la Femme-Linge en étendant vestes, draps, tshirts, culottes et chaussettes sur une petite place du quartier de Saint-Guérin. Elle est l’un des sept personnages rencontrés au fil de cette balade-spectacle. Des personnages à la fois ordinaires et décalés qui s’adressent aux spectateurs comme à quelques familiers en visite.
Un théâtre dans le quartier
«Pour ce projet, destiné au plein air, je voulais un texte fait pour la rue, pour la proximité», explique Mali Van Valenberg, comédienne et metteure en scène. Elle adapte donc un texte de Jean Cagnard, fait initialement de longs monologues, pour le réduire à sept prises de parole d’une dizaine de minutes. «Il s’agit de saisir des instantanés de la vie d’un quartier, on ne sait pas grand-chose de précis de ces gens mais on les surprend à un moment donné et le quartier devient une sorte de musée vivant dans lequel les personnages se répondent en échos.»
«Quand le vent est nord-ouest, j'envoie ma fumée parler un peu avec son linge.»
L’Homme-Grillades à propos de La Femme-Linge
Plutôt que la vieille ville qui a accueilli de nombreux spectacles estivaux et qui ne correspond pas au style urbain et contemporain du texte, c’est le quartier de Saint-Guérin, résidentiel et piéton, qui est choisi. «Il a fallu vaincre certaines réticences mais dans l’ensemble, les résidents nous ont fait bon accueil. On a même reçu un sac de vêtements bleus pour compléter la lessive de la Femme-Linge et quelques bocaux pour la collection de L’Homme-Objets Souvenirs», confie la metteure en scène. De fait, quand les spectateurs croisent des résidents promenant leur chien, un sourire complice aux lèvres, la réalité se mêle malicieusement à la fiction.
L’Homme-Objet Souvenirs conserve sa mémoire dans des bocaux. © Olivier Lovey
Acteurs du cru, dans leur jus
Le choix d’une distribution faite de comédiens locaux participe de ce même souci de réalité: il permet de mettre en scène des visages familiers aux Sédunois. Des acteurs qui ne sont pas rompus à l’art de rue mais qui ont accepté de relever le challenge. S’il ne s’agit pas ici d’improvisation, puisque la partition est bien définie, ils doivent néanmoins faire avec le contexte, les réactions du public, sa proximité. «Quand on prépare une pièce dans un théâtre, on est comme dans une bulle, un univers clos et protégé dans lequel on amène de la vie», explique Mali Van Valenberg. «Ici, c’est l’inverse, on amène des personnages au coeur de la vie...» jusqu’à bousculer le spectateur, étonné d’être pris à partie par les personnages: «Tu connais l’odeur de la terre? De quoi t’as peur? C’est pas parce que tu marches dessus que ça sent les pieds» (La Femme-Fleurs).
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