Média indocile – nouvelle formule

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Suite à l'article de Guy Mettan du 4 juillet dernier, intitulé «Acculée, la SSR nous enfume et enterre sa radio en douce», la RTS nous a envoyé un droit de réponse. De son côté, Guy Mettan prend note de ces précisions qui, selon lui, ne remettent pas en question les principaux points abordés dans son article.



La SSR fait face aux défis de son temps

Bon pour la tête a publié un texte de Guy Mettan véhiculant de fausses informations au sujet de la SSR et de la RTS, dont nous rectifions ici quelques passages.

Non, la vente de la tour RTS de Genève ne servira pas à payer le nouveau bâtiment de Lausanne-Ecublens, qui est déjà financé par la vente des immeubles qu’il remplace (comme prévu il y a plusieurs années dans le plan de financement et avant que ne se présente maintenant l’opportunité d’offrir à la tour un avenir autour d’un projet d’utilité publique). Car le site de Lausanne-Ecublens prend la relève de quatre immeubles de production: maison de la radio de La Sallaz, bâtiments de l’actualité et des sports à Genève, garage des cars-régie à Meyrin. Cette solution compacte et efficiente nous permet de réduire nos surfaces d’au moins 35% (hors vente de la tour) et nos charges d’exploitation d’autant. Ceci dégagera des économies importantes dans les bâtiments, plutôt que de couper davantage dans le programme.

Tout cela n’aurait jamais pu être rassemblé à la tour, dont les studios sont obsolètes (et où il n’y a pas de place pour les camions), ni à La Sallaz, qu’il aurait fallu rénover à grands frais (en plus de trouver un immeuble provisoire le temps des travaux, l’équiper et assumer un déménagement supplémentaire). Construire à neuf était la solution la plus intelligente.

Le nouveau bâtiment de Lausanne-Ecublens a été conçu pour accélérer la transformation digitale indispensable du média de service public. Il est à 90% dévolu à la production audiovisuelle (ce n’est de loin pas le cas de la tour). Parallèlement, nous continuerons d’être présents sur le site de Genève, en louant les surfaces nécessaires.

Dans quelques mois, la RTS regroupera des activités dans un lieu géographiquement mieux centré, au cœur de la Suisse romande et d’un hub ferroviaire national (Lausanne et Renens), s’installant dans un prestigieux cluster d’innovation et formation constitué par l’EPFL et l’UNIL, avec des édifices emblématiques comme le Rolex Learning Center ou le SwissTech Convention Center: une part importante de la relève du pays et des rendez-vous économiques côtoiera chaque jour les installations romandes de la SSR! Nous concevons que cet atout ne plaise pas à tout le monde. Ce voisinage avec le monde académique sera très positif pour la qualité de l’information en Suisse et donc l’avenir de notre démocratie.

Quant aux revenus de la SSR, donnée que Guy Mettan nous reproche de cacher, elle est publique, facilement trouvable par tout journaliste, notamment sur le site internet de la SSR et dans son rapport de gestion envoyé chaque année aux médias.

Concernant la radio, elle continue de vivre et d’évoluer, comme elle le fait depuis un siècle! Sa diffusion est passée au DAB+ car la Confédération et l’ensemble des radios publiques et privées l’ont décidé il y a des années pour remplacer une bande FM obsolète et énergivore, dont la suppression permet à la SSR d’économiser 15 millions de francs par année (les radios privées, qui ont moins d’émetteurs et de frais, feront la bascule l’an prochain). L’utilisation en numérique dépasse déjà nettement les 80%, que ce soit à la maison, en déplacement ou au travail. Chaque année, un quart de million de nouvelles voitures équipées arrivent sur le marché suisse: le renouvellement naturel du parc va compléter la transition au DAB+ (à quoi s’ajoute l’option d’écoute via l’app Play RTS en connectant le téléphone). Il en fut de même avec le passage de la télévision en noir et blanc à celle en couleur ou du format 4/3 au 16/9: l’histoire est parsemée d’évolutions technologiques qui ont initialement demandé une adaptation avant de devenir une évidence.

Les poches de la SSR ne sont pas profondes et ne peuvent pas amortir les chocs. Son budget coupé de 17% par le Conseil fédéral (pour diminuer la redevance à 300 francs), par la baisse des revenus de la publicité et par l’évolution du coût de la vie, la SSR se réforme profondément, réduit ses effectifs, adapte ses programmes et vend ses tours de Berne et Genève. Oui, la SSR démontre qu’elle sait se remettre en question et faire face aux défis de son temps.

Marco Ferrara, porte-parole de la RTS


L'article de Guy Mettan

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

2 Commentaires

@cepret 11.07.2025 | 16h26

«@roro
Propos de Guy Mettan touchant la RTS

Pour éviter de faire circuler des infos imprécises et fausses, un journaliste tendance polémiste se doit, pour éviter les gorges chaudes et des dérives, de vérifier ses sources afin de rendre inattaquable ce qui peut influencer des votations. Voilà ce que désire surtout le lecteur friand aussi de débats.»


@AlbertD576 14.07.2025 | 09h35

«@cepret

Je suis d'accord avec votre point: avant de critiquer, on vérifie. J'ai donc fait de même en lisant la réponse de la RTS:

"Quant aux revenus de la SSR, donnée que Guy Mettan nous reproche de cacher, elle est publique, facilement trouvable par tout journaliste, notamment sur le site internet de la SSR et dans son rapport de gestion envoyé chaque année aux médias."

Or, l'article original ne critique pas le fait que l'information ne soit pas disponible mais le fait qu'aucun média n'en fasse une lecture critique. Car annoncer 270 mio d'économies en 4 ans lorsqu'on dispose d'un budget annuel de 1.56 milliards, ça ne fait effectivement que d'environ 4 % par an. Tout cela sent en effet l'enfumage à renfort de chiffres sensationnels (17 % de coupes).

Quand au projet d'Ecublens qualifié de "pharaonique" par d'autres médias comme La Liberté, le projet est très controversé ("Médias publics. Le déménagement de la RTS à Ecublens, une opération délicate.").

Devisé à 120 mio, quel sera le coût final de l'opération (plus-values, déménagement. mobilier et remplacement du matériel inclus). 150 ? 180 mio ?

Et si "La vente de l'ancien bâtiment de la RTS à La Sallaz pour 55 millions a contribué au financement de ce projet." comme la presse l'a relaté. La vente de la tour à Genève tombe effectivement à pic même si d'autres actifs immobiliers sont cédés. Tout cela n'est que vases communiquants et il y a un trou à combler pour financer cette transformation.

La réponse de la RTS confirme aussi un manque de stratégie dans le passé: "Car le site de Lausanne-Ecublens prend la relève de quatre immeubles de production: maison de la radio de La Sallaz, bâtiments de l’actualité et des sports à Genève, garage des cars-régie à Meyrin." En gros, c'était le bazar ?

Par ailleurs, il semble assez évident que centraliser la production de contenu pour la décliner ensuite sur les divers canaux risque de prétériter la radio. C'est la fin d'une époque.

La proximité avec l'EPFL pour "promouvoir l'innovation et la science" est très à la mode (les chercheurs communiquent de plus en plus au lieu que de se concentrer sur la recherche).

Comme si toute la vie économique, sociale et culurelle de la Suisse Romande tournait uniquement là autour.

Quand à la justification du DAB+ pour "mettre fin au FM "énergivore", on entre dans le greenwashing-capillotracté: "Chaque année, un quart de million de nouvelles voitures équipées arrivent sur le marché suisse". Le message à la population est clair: "on baisse la redevance mais vous changez de voiture ?"

Car c'est précisément, la fuite en avant technologique qui nous fait remplacer nos smartphones et PC alors qu'ils fonctionnent encore parfaitement. Des dizaines de millions d'appareils équipés FM vont donc faire grossir la pile de déchets électroniques sans raison. L'impact écologique est globalement désastreux.

D'ailleurs, les radios locales ont demandé une prolongation et la FM reste toujours active dans d'autres pays d'Europe dont la France.

Bref, le plan marketing de la RTS sent l'enfumage teinté d'écologie et de science et confirme sa folie des grandeurs pour une population de 2 millions de personnes dont 20 % de double nationaux et de plus en plus d'anglophones qui se tournent vers d'autres médias.

La RTS doit donc jouer la carte du local pour se différencier mais décide de tout centraliser.

Alors, globalement, l'article sur Bon à Savoir me semble assez cohérent: on ne se lance pas dans un chantier pareil quand la population émet des doutes sur la mission des médias publics. ça s'appelle la politique du fait accompli.»


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