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A vif


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Dès les premières heures du cessez-le-feu, des dizaines de milliers de voitures surchargées d’effets personnels, de matelas, ont pris la route du sud. Vers la banlieue bombardée depuis des semaines, vers les villages, eux aussi démolis, dans la partie sud du pays. Comment ne pas s’émouvoir devant l’attachement de ces déplacés à leurs terres, devant leurs dignité et leur courage?



Ils ont passé deux mois dans des milieux fort différents, plus riches, de confessions diverses, accueillis dans un élan de solidarité inoubliable. Tous, touchés ou pas, sympathisants de tel ou tel camp politique, tous les Libanais se sentent non seulement soulagés – au moins provisoirement – mais aussi fiers de leur pays. Une fois de plus, après avoir tenté de l’envahir, les Israéliens doivent quitter ce sol. Et retrouver eux-mêmes une certaine tranquillité.

En principe l’armée libanaise, soutenue par les Américains, les Français et l’ONU, doit contrôler le voisinage de la frontière, encore interdit aux retours, d’où Tsahal se retire lentement. Comme elle avait dû le faire en 2006, ouvrant ainsi la porte au Hezbollah vu à ce moment comme l’incarnation de la résistance.

Restent deux défis. La reconstruction qui nécessite une pluie de milliards. Alors qu’Européens et Américains resserrent leurs budgets, alors que les riches Etats du Golfe ont peu d’empathie pour le Liban désormais placé de facto sous la protection américaine. Et la reconstruction politique du pays, la poursuite du consensus national observé ces dernières semaines, l’élection d’un Président et d’un gouvernement crédible.

En dépit du soulagement, l’euphorie serait malvenue. Les bombes et les tirs pleuvent encore sur Gaza, dont la partie nord paraît promise à la colonisation. Le Hamas sera vaincu mais le désastre reste total. Un champ de ruines indicible. Une population en errance. Aucun répit prévu. Encore moins une perspective de paix. La guérilla s’éternisera. Comme elle se mijote aussi en Cisjordanie occupée.

Netanyahou n’en restera pas là. Il a besoin d’un état de guerre ouverte pour rester au pouvoir, on le sait. Il sera tenté, après le Liban, de s’en prendre à l’Irak, la Syrie, le Yemen…. et surtout l’Iran. D’ores et déjà quelle gifle pour le régime des mollahs! Leur «proxy» libanais a donc signé un accord défini par les Occidentaux et les Israéliens. La République islamique se trouve affaiblie et discréditée à l’extérieur et chez elle: les grèves, les manifestations contre le pouvoir se multiplient. Dès lors à Téhéran, le gouvernement rêve plus d’un rapprochement – maintes fois recherché – avec les USA en vue d’atténuer les sanctions plutôt que d’attiser l’incendie régional.

Inutile, en ce moment de répit au Liban, de tirer des plans sur la comète à venir. Mais gardons une pensée solidaire, un soutien si possible aux Palestiniens qui endurent le martyre à Gaza et l’humiliation en Cisjordanie. Leur cause, déjà estompée chez nous, ne doit pas s’effacer sous les coups de l’occupant et dans la trahison des Arabes voisins. Et que puissent les Israéliens songer à leur avenir historique. Il ne sera garanti que dans la paix avec leurs voisins.

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