Média indocile – nouvelle formule

A vif


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On se lasse de tout. Même du spectacle le plus terrifiant. Le Moyen-Orient ne fait plus guère la une. Et pourtant! Suspense autour de l’Iran. Attaqué? Quand? Comment? Avec quelles conséquences sur l’Europe? On préfère ne plus y penser. Et aussi se détourner des massacres commis ces jours au Liban et à Gaza. Même la Suisse qui aime tant se poser en référence des droits humanitaires et internationaux...



Même à Berne et à Genève, c’est peu dire que l’on ne hausse pas le ton. Le DFAE diffuse des communiqués discrets, sans discours à la télévision, des mots feutrés pour «déplorer» ceci ou cela. Le Parlement préfère s’échauffer pour couper les vivres à l’UNRWA, seul organisme capable de soulager les souffrances abominables de Gaza. Ou pour coller l’étiquette «terroriste» au parti politique libanais Hezbollah, car ce n’est pas qu’une armée. Nous coupant ainsi de toute tentative diplomatique future. L’ex-conseillère fédérale qui en connaît un bout sur le Moyen-Orient, Micheline Calmy-Rey, pressée de livrer le fond de sa pensée par le public des Rencontres Orient-Occident à Sierre, a lâché le mot: «J’ai honte.»

Alors tant pis pour ceux que lasse le sujet. Rappel des faits tout récents.

La guerre se déchaîne au Liban. Dans le sud, la ville historique de Nabatiyeh est rasée. Tout y passe, maison après maison, vestiges, écoles, hôpitaux. Les blindés israéliens qui s’y sont aventurés écrasent aussi les champs, les oliviers, les jardins… Quant aux ripostes ciblées du Hezbollah sur Israël, elles sont d’une intensité et d’une puissance inattendues, mettant Tsahal à rude épreuve. Les offensives s’étendent jusqu’à Beyrouth, à la plaine de la Bekaa et même des villages chrétiens de la montagne ont été atteints. Un million de déplacés dans un pays qui en compte moins de six. La milice chiite a proposé un cessez-le-feu de part et d’autre. Sans succès.

Quant à Gaza, faute d’en avoir fini avec le Hamas dans la bande bombardée, Tsahal dégage une zone, dans le nord, totalement rasée, où les habitants qui s’y accrochent sont considérés comme terroristes. Il s’agirait du «plan des généraux», très controversé, qui prévoit d’installer là des colons dès que possible. Quand les Palestiniens auront été chassés jusqu’au dernier.

La nouvelle du jour: un chef du Hamas a été tué dans le sud de Gaza. Il y en aura dix, vingt et cent, plus jeunes, pour lui succéder. Jamais une offensive, aussi massive soit-elle, n’empêche, sur un tel terreau, le rebond de résistances diverses.

Qui peut croire à une perspective de paix, même lointaine, sur des territoires ainsi dévastés? L’Etat juif, comme il se nomme maintenant, déjà durement atteint, dans son économie, dans son moral, a tout à perdre dans un tel avenir. On s’en afflige comme du sort des pays envahis au mépris de toutes les lois humanitaires et internationales. Ces violations que l’Occident reconnaît à voix basse tout en permettant à l’horreur de se prolonger.

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