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Culture

Culture / Introspections d’arrière-saison

Marie Céhère

2 février 2024

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«Hôtel du Lac», Anita Brookner, Editions Bartillat, 214 pages.



Les personnages de la romancière Anita Brookner (1928-2016) n’ont, selon Julian Barnes, qui l’a connue et qui préface Hôtel du Lac, rien à voir avec leur auteure, ou peut-être tout. Le problème, c’est que ces personnages sont extrêmement agaçants, donc nous questionnent sur nous-mêmes. Dans ce roman, une Anglaise proche de la quarantaine, écrivain et tourmentée, s’est retirée au bord du Léman, dans une petite ville proche de Lausanne et de Montreux, que certains reconnaîtront plus sûrement que nous (est-ce Vevey? Territet ou La Tour-de-Peilz?). Nous sommes quasiment hors saison. Le microcosme est fidèle à ce que l’on attendrait d’un hôtel bien convenable de la riviera vaudoise: une aristocrate très âgée, une jeune femme déprimée, son chien, une diva et sa fille, deux ou trois charmants messieurs... Edith Hope – cela ne s’invente pas – a été poussée par ses proches à cet exil. Pourquoi? Nous le découvrons au fur et à mesure des introspections que lui inspirent les brumes d’automne qui se lèvent sur le lac. Edith est une solitaire, une effacée, une mal adaptée, une entre-deux-chaises. Elle aime, on ne l’aime pas. On compatit, on se mire en ses tourments d’insomnie, autant qu’on aurait envie parfois de la prendre par la main ou de la secouer, de la tirer de sa torpeur. Quand se présente une occasion de tout changer et de toucher du doigt la réalisation de ses espoirs, il n’est pas sûr qu’elle la saisisse. Agaçante et fascinante Edith. C’est une Montagne magique en miniature autant qu’un bréviaire moral des relations humaines que cet Hôtel du Lac, et avec l’élégance de n’en rien prétendre.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Chemite 02.02.2024 | 08h28

«On pourrait tout de même relever que l'écriture est admirable et que ce petit chef-d'œuvre a valu, en 1984, le Booker Prise à Anita Brookner.»