Analyse / Après Polanski, interdisons Gauguin, Léonard de Vinci, Chaplin, Aragon!
Les tentatives de censure que subit Roman Polanski à l’occasion de la sortie de son nouveau film («J’accuse») commencent à s’étendre à d’autres artistes. Et non des moindres.
Jérôme Godefroy
En présentant une exposition Gauguin à Londres, une journaliste du New York Times se demande très sérieusement s’il ne serait pas temps de ne plus montrer les toiles du peintre français. Oui, cachons Gauguin car sa vie personnelle n’était pas exactement celle d’un bon père de famille !
Dans ses deux longs séjours en Polynésie française, Gauguin avait eu des relations sexuelles avec de très jeunes filles. Il en épousa deux successivement, toutes deux mineures, mais s’autorisait la polygamie avec d’autres gamines.
Si on met Gauguin au rencart, interdisons aussi l’exposition Léonard de Vinci où l’on se bouscule au Louvre actuellement. Le maître italien aimait beaucoup la chair fraiche, lui aussi. Parmi ses amants, le jeune Salai que le génie toscan prit sous son aile alors qu’il n’avait que 10 ans.
N’oublions pas non plus le Caravage, peintre fulgurant, mais bandit et assassin qu’il faudrait aussi jeter aux oubliettes.
Pour faire bonne mesure, bannissons Rousseau qui abandonna ses enfants et ne jouons plus les pièces de Montherlant, pédophile notoire.
Le journal intime de l’écrivain Julien Green, fervent catholique et membre de l’Académie française, révèle sa frénésie érotique avec des garçons à qui il ne demandait pas forcément de fournir une preuve de leur majorité.
Que dire par ailleurs de l’amour immodéré du britannique Lewis Carroll pour les fillettes qu’il photographiait de manière obsessionnelle ?
Alice était-elle vraiment au pays des merveilles ?
Faisons un autodafé des œuvres de Louis Aragon, écrivain encarté communiste et remarquable poète. Après la mort de sa compagne Elsa (et ses yeux fameux), le vieil homme se consolait dans la pénombre du Louxor à Barbès, alors cinéma porno. Louis aimait y caresser les jeunes maghrébins, souvent mineurs, qui fréquentaient les lieux pour se faire de l’argent de poche.
Je suggère aussi de mettre sur la liste noire Charlie Chaplin, toujours très proche des très jeunes filles, au point qu’il engrossa successivement deux mineures avec qui il prit la fuite vers le Mexique pour apaiser le scandale.
Quand nous aurons fini tout cela, nous nous attaquerons enfin aux odieux «féminicides» qui ont raccourci sauvagement la reine Marie-Antoinette.
On vit une époque formidable.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
7 Commentaires
@lys 26.11.2019 | 19h14
«La différence est que Polanski pourrait encore choisir d'affronter la justice américaine... C'est cette fuite qui fait que, personnellement, je ne peux pas séparer l'oeuvre de l'homme. »
@Ph.L. 27.11.2019 | 12h22
«Rappeler que la victime de Polanski devant la justice américaine, Samantha Geimer, demande expressément, depuis des années, que l’on abandonne toutes les poursuites contre son suborneur. Elle a même écrit un gros livre pour se faire entendre, livre dans lequel elle fait cette déclaration définitive : « Si je devais choisir entre le viol et revivre ce qui s'est passé après, je choisirais le viol ». La raison la plus élémentaire et le respect pour la victime commande donc de pardonner ce crime à Polanski, mais il ne s’agit pas de raison, ici… Le féminisme frénétique et le puritanisme manichéen (hérésie multimillénaire) se sont unis pour engendrer un monstre néo-religieux (sa conception de la Justice absolue sans prescription aucune le trahit) et proprement démoniaque, comme il arrive à chaque fois que la raison sommeille. Argumenter, ici, ne sert donc à peu près à rien, même si je ne renonce pas, pour ma part.»
@Florent 28.11.2019 | 07h13
«Ceci n’est pas du journalisme... mais plutôt du whataboutism. Ramener des faits plutôt que votre opinion! Je suis vraiment déçu de ce journal que je pensais objectif. »
@Cordelia 29.11.2019 | 09h42
«Il y a une différence fondamentale entre Polanski et les artistes cités, c'est que lui est encore vivant... Il est donc théoriquement en état de commettre de nouveaux abus. Par ailleurs, il va gagner beaucoup d'argent grâce à ce film, certainement excellent mais qui semble prendre sa défense. La problématique Polanski se rapproche bien plus de celle de Bertrand Cantat. Il est difficile de voir un criminel continuer à bénéficier des "feux de la rampe".»
@Ph.L. 29.11.2019 | 23h39
«Que l’on puisse mettre Cantat et Polanski sur le même plan me paraît proprement ahurissant et n’a strictement aucun sens au point de vue juridique (comme sous l’angle artistique, d’ailleurs, mais c’est un autre débat…). On ne peut quasiment les comparer que par le biais du genre, c’est-à-dire par le fait que ce sont des hommes et que leurs victimes sont les deux de sexe féminin, réduction vertigineuse, à mon sens. En effet, quelle commune mesure (en dehors du genre) peut-il y avoir exactement entre un homme qui assassine la femme avec qui il vit et qu’il aime et un autre homme qui viole une mineure qu’il n’aime pas mais désire seulement, alors même que ladite victime, par ailleurs, demande expressément aujourd'hui, je le répète, à ce que l’on pardonne son acte à celui qui a été incriminé ? Nous nageons en plein confusion.»
@Fandeski 10.12.2019 | 15h12
«Il me semble qu'on en oublie (certainement) passablement, dont notamment André Gide... qui cependant garde toute mon admiration. Et doit-on rappeler que dans les récits apocryphes, il est dit qu'à la fin de la vie de Moïse, on mettait des jeunes filles dans sa couche pour lui réchauffer le cœur...»
@Lagom 15.12.2019 | 23h16
«@Fandeski: C'était David pas Moïse, et ce n'était pas plusieurs fille mais une seule et l'idée venait des serviteurs qui n’arrivaient pas à réchauffer le Roi mourant, avec de la laine. Le Roi lui-même n'est pour rien. Merci de m'avoir occasionné un fou-rire mémorable avant d'aller dormir, ça faisait longtemps !!!»