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Actuel / L’homophobie est un réflexe biologique normal!

Bon pour la tête

5 juillet 2019

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Hé, les potes! Je vais essayer de vous expliquer de la manière la plus simple possible ce qui découle du fait que vous ne me plaisez pas (d’un point de vue sexuel) et pourquoi je ne vous embrasserais pas. Je sais que c’est pareil pour vous, ce qui me permet d’ailleurs d’être à l’aise avec vous. Puisque nous méprisons les pédales comme nous méprisons les femmes.




Article de Rafał Betlejewski,  publié sur mediumpubliczne.pl, traduit du polonais par Marta Czarska


Désolé, les filles, ne lisez pas ça, je veux parler à mes potes. Sauf si vous voulez un aperçu du mental masculin.  

J’ai pris le titre de l’article d’un film qui devait être une sorte de lutte contre l’homophobie. Ça valait la peine de lire les commentaires des internautes. Ça donne à penser. Les mecs y disent leur vérité – que tout simplement, ils n’aiment pas les pédés. Et ils n’ont pas peur de le dire, ils pensent même que c’est leur devoir. Le film et la campagne touchent la cible, à coup de couteau polonais bien aiguisé qui peuvent blesser les gays. Il faut comprendre: la Pologne est un pays de valeurs traditionnelles et d’hommes vrais, pas de tantouses. Non? Si! Je voulais en parler avec vous, parce que quelqu’un doit enfin appeler un chat un chat.

Pour commencer, disons les choses franchement. En ce qui concerne le non-amour des gays, la Pologne n'est pas une exception. Nous ne sommes pas seuls! Il y a dans le monde plein de pays où les hommes se mettent en rang pour protéger leurs anus (donc leurs culs) contre l’attaque d’homos en tous genres. La Russie en est un bon exemple. L’Arabie Saoudite. L’Iran, le Soudan, où l’homosexualité est punie par la peine de mort. L’Inde, le Pakistan, la Libye, où le tripotage des copains sous la douche peut conduire à la réclusion à perpétuité. Aux USA, en dehors de New York, être une pédale n’est pas une sinécure, il faut bien le dire.

Alors commençons par dire que tu ne me plais pas, mon pote...

Et rien d’étonnant à ça, puisque je ne te plais pas non plus. D’ailleurs, les mecs ne nous plaisent pas en général. Franchement, tu m’embrasserais sur la bouche? Beurk! Moi non plus, je ne t’embrasserais pas. Ni ton pote, qui est bien plus séduisant que toi. Aucune chance. La pensée de te lécher, toi ou un autre, me dégoûte totalement. Toi aussi. Je le sais.

Je ne t’embrasserais pas, non pas parce que j’ai quelque chose contre toi, ou parce que tu es moche, mais juste parce que tu es un homme. Tu as des poils aux pattes, au poitrail, au visage, aux... boules... tu vas à la musculation, tu pue... tu es un bloc, tu n’as aucune grâce, t’as la gueule de travers... Et, problème principal: t’as une quéquette...

Seigneur! Quand je pense que je pourrais toucher ta quéquette!

Je peux te toucher sur le terrain de foot, mais juste te tirer par le t-shirt, et te toucher en te mettant en échec, ou te donner un coup de boule, mais rien d’autre... À vrai dire, je ne sais même pas comment en parler, si on peut se toucher autrement, rien que d'en parler me donne des sueurs froides. Y a pas de mots, parce qu’on en parle juste pas.

Je sais que c’est pareil pour toi, mon pote.

Quand j'y pense, je n’aime même pas l’idée de t’imaginer avec une femme. J’aime bien m’imaginer une femme, mais je n’ai pas besoin de t’imaginer avec cette femme. J’ai pas besoin de ton cul dans cette image. Même si je connais ta copine, je n'ai jamais pensé à ce que tu lui fais, ni à ce qu’elle te fait. Une pipe, par exemple. Je peux éventuellement penser à ce que JE lui ferais, ou à ce qu’elle ME ferait. Une pipe, par exemple. Mais toi et ta gueule en sueur, je veux pas les voir. Je pense que tu comprends, parce que c’est pareil pour toi, non? Et personne ne va se fâcher pour autant.

D’ailleurs les producteurs des pornos l’ont pigé, en nous montrant des femmes, pas des mecs en sueur.

Mais de quoi je parle là! Les copines des potes, c’est un truc sacré et personne ne se les imagine dans des situations intimes. On le sait, les copines des potes, c'est leur propriété et, par respect pour le pote, on ne pense pas à ces choses-là. J’en parlais juste de manière hypothétique.

Désolé, les filles, pour le langage, mais je parle à mes potes. Ne lisez pas ça, sauf si vous voulez un aperçu du mental masculin. Mais c’est à vos risques et périls.

Tout ce que je dis là est assez évident pour nous les hommes, même si personne ne le dit aussi franchement. C'est que, tout simplement, on parle des autres mecs en tant que rivaux. Ou nous pouvons les vaincre, ou il faut y prendre garde. On le sait, personne n’irait s'attaquer à Mike Tyson, mais bon, si quelqu’un nous insulte au bar, il va s’en prendre une. Normal. L'autre mec est un rival. C'est simple.

C’est clair, on peut être pote avec d'autres mecs. On peut avoir des potes. Tout comme nous on est amis, non? On peut se mettre une tape dans le dos, on peut se toucher quand on est bourré, mais comme des mecs, modérément. Si quelqu’un te met la main au cul, tu fais quoi? Voilà... Parce qu’entre potes, il y a des principes: on se met pas la main au cul, on ne se regarde pas les yeux dans les yeux, on se fait pas de compliments, sauf pour déconner! Et, principe directeur, on se pique pas les filles. Donc les copines. Bref, entre des mecs normaux, il y a un code d’honneur. De l’honneur. Si quelqu’un comprend pas, on lui explique, sinon, il dégage.

Question essentielle: comment est-ce possible que les hommes plaisent aux femmes? Comment quelqu’un peut-il aimer un poilu?

Ce n’est pas là une question banale. Dis-le franchement, tu peux comprendre ça? Combien de fois t’es-tu demandé «comment peut-elle être avec lui»? Quand tu as vu une jolie fille avec un beauf en t-shirt, short et avec des chaussettes dans des sandales? Une fille l’air de rien, assez élégante, coiffée, et le mec sortant de la salle de gym, habillé comme un péquenaud... Qu’est-ce qu’elle fout avec lui, qu’est-ce qu'elle voit en lui, comment elle peut faire avec lui tu sais quoi...

Les femmes sont en général sympas, gentilles, et elles nous intéressent, mais qu'est-ce qui les intéresse chez nous? Penses-y franchement: est-ce que tu voudrais te promener main dans la main avec un gars comme TOI? Et elle, elle le veut! Pire, elle en est heureuse. Elle met une mini, elle se fait les ongles, met du rouge à lèvres, elle se coiffe, elle fait du solarium, juste pour plaire au gars. Et, vas comprendre, elle veut l’embrasser. Elle veut embrasser cette sale gueule mal rasée!

Et pire que tout... Ferme les yeux avant de lire ça, parce que ça va être dégueu: elle veut faire l’amour avec lui! Qu’il se couche sur elle… Et qu’il la lui mette... Et elle veut le prendre dans sa bouche... Son membre... Et elle veut qu’il la retourne, qu’il la prenne par derrière... Et des fois, elle veut qu’il la prenne par les cheveux et qu’il lui mette une fessée! Elle veut ça! Et ça lui plait! Et attends, ça va être encore pire, fais gaffe! Elle veut qu’il éjacule en elle, ou sur elle...

OK, je l'ai dit, désolé... Je sais, c'est dur à piger, mais c'est la vérité. Les femmes le veulent. Elles le veulent vraiment, ça leur fait plaisir, elles aiment ça, elles se sentent bien après ça...

Pense-y, on croit comprendre ça, mais le fait est que c'est dans l’ordre des choses que les femmes désirent les hommes. Mais le comprenons-nous vraiment? Parce que si nous le comprenions vraiment, peut-être serions-nous capables de nous mettre à leur place et imaginer que ça peut être agréable même si nous ne l'avons jamais fait. Le sexe pour les femmes... Sauf si tu veux me dire que tu es capable de te mettre à la place d'une femme et t’imaginer un type quelconque qui te prend par derrière? Non! Ça dépasse juste notre entendement. On ne peut juste pas l’imaginer. Et en plus en avoir envie?

Des fois, quand j’y pense, je me demande si les femmes sont comme nous, ou est-ce que ce comportement appartient finalement à une toute autre espèce? Parce que les femmes veulent quelque choses qui pour nous - les hommes - est incompréhensible, qui nous dégoûte et nous effraie. Et oui! Ça nous effraie!

Mais les femmes le veulent. ELLES LE VEULENT.

Et imagine que ta copine se fasse baiser par un mec que tu connais de vue

Oh, c'est le bon moment, non? Ça t’est arrivé? Oui, c’est une situation qui met tout en évidence, qui explique tout. Qu'est-ce que tu ressens, qu’est-ce que tu penses? Est-ce que tu penses que ta copine «a pris du bon temps et a eu une expérience sexuelle agréable», que c’est quelque chose «dont elle avait envie»? Ou est-ce que tu vois ça comme un mec, donc qu’elle «s’est fait mettre par un gars quelconque», qui lui a fait quelque chose d’humiliant? Il lui a mis sa bite! - penses-tu. Il l’a obligée à se mettre à genoux dans une cage d'escaliers, ou dans une cave, il a fait d’elle une merde! - penses-tu. Tu es envahi de colère! Comment a-t-elle pu faire ça? Comment a-t-elle pu te faire ça? Comment a-t-elle pu se faire humilier comme ça par ce type? Et tu l’obliges à confesser les détails, ce que ce fils de pute lui a fait. T'es en rogne et tu cries vengeance, non?

Exactement, parce que tu es convaincu qu’elle ne pouvait pas désirer ce que l'autre lui a fait. On ne peut pas désirer cela. C’est un cauchemar.

Et tu penses: elle a été humiliée. J'ai été humilié. Ce mec m'a humilié.

Mais ce n'est pas vrai. Tout simplement, ce type a plu à ta copine. Ce n’était pas un monstre pour elle. Elle a couché avec lui, en fait elle voulait prendre des vacances de toi, vivre quelque chose d’autre, avec quelqu’un d’autre. Il était sympa avec elle, il lui parlait avec douceur, il lui a montré être fou d’elle. Il avait un beau sourire et il sentait bon. Et y avait une fête, une peu de vin, le parfum des fleurs, et d’un mot à l’autre, ils se sont embrassés, et comme y avait pas d’autre endroit où aller, et bien ils ont fait l'amour derrière les poubelles. Il l'a prise par derrière, debout - mais bon, est-ce qu’ils auraient dû s’allonger sur le béton? Et pour elle, c’était très excitant, romantique et agréable. Ta copine n’a pas du tout l’impression d’avoir été humiliée, au contraire.

C'est juste que toi, tu ne seras jamais capable de voir ça de son point de vue. Elle doit être d’une autre espèce.

Tu sais quoi, je vais essayer d'exposer ça en points, comme à l’armée:

  1. Les femmes désirent les hommes et elles veulent avoir avec eux des relations sexuelles qui comprennent du sexe oral et génital (si je peux l'appeler ainsi) et même des fessées. Et il n’y a pour elles rien d’humiliant, au contraire - elles aiment ça et se sentent super bien!
  2. Pour nous, les hommes, le premier point est dur à comprendre, parce que si nous nous imaginons à la place des femmes (et donc dans la situation d'une personne passive dans la relation sexuelle), nous ressentons un choc, un dégout, de l’humiliation. Nous craignons qu’une chose pareille puisse nous arriver.
  3. Nous projetons (donc nous imposons) nos propres craintes sur les femmes.  Nous voyons en elles des victimes de la sexualité masculine. Nous voyons leur rôle comme un rôle humiliant. Ce qui n’est en fait qu’une illusion optique. ELLES SONT JUSTE COMME ÇA.

Et y a autre chose: beaucoup d’entre nous aiment traiter les filles un peu plus sévèrement, et beaucoup de femmes aiment être traitées ainsi. Elles veulent que nous ayons le pouvoir, et qu’elles soient dociles. Et cela ne fait ne fait que rendre plus difficile notre compréhension des femmes et de passer de leur côté.

Alors regardons les pédés: est-ce qu’ils sont comme les femmes, en pire?

Un pédé, on le sait, ça fait rire. On peut se foutre de sa gueule. Le pédé va pas s’opposer, parce qu’un pédé, c'est faible. On peut insulter un pédé, au pire, il va pleurer. Y a plein de nom pour les pédés: pédale, tantouse, chochotte, etc. Une pédale, c’est efféminé, ça se met sur son trente et un, une pédale, ça fait le ménage et ça aime le rose. Tout ça, ça nous fait rire. C'est connu, on ne donne pas la main à une pédale, parce que la pédale ne fait pas partie du code d’honneur. Il va pas jouer au foot, il vient pas boire une bière. Les pédés vont avec d’autres pédés dans des clubs, boire des cocktails. On ne fréquente pas les pédés, parce que les pédés sont trompeurs. Ils sont comme les femmes.

J’ai entendu un gag récemment: je suis pas pédé, mais j’ai baisé dernièrement un gars qui a baisé un pédé... Voilà, parce qu’un vrai mec qui a une relation avec un autre mec, c’est pas un pédé, mais un vrai mec qui s'est fait un pédé.

Le pédé est une personne différente, parce qu’un pédé n'est pas un rival face aux filles.

Le pédé est inquiétant, parce que le pédé peut nous regarder avec désir. Qui sait ce qu’il s’imagine? Est-ce qu’il s’imagine que je lui ferais une pipe!? Rien que pour cette pensée, on a envie de lui foutre une baffe.

Et le pédé est un personnage dégoûtante, parce qu’un pédé se laisse faire tout ce qu’une femme peut se laisser faire. Il peut faire une pipe, avaler, et se faire prendre par derrière. Et on sait ce qu’on en pense, parce que nous l’avons testé sur les femmes.

Le pédé, c'est un mec qui nous a trahi, nous, les vrais hommes, et qui est passé du côté des femmes. Il s’est laissé humilier. Il s’est laissé faire tout ce qu’un homme n'a pas le droit de se laisser faire.

Et tout cela est bien clair, mais tout cela ne veut pourtant pas dire qu'une personne normalement pensante est homophobe - elle ne soutient juste pas les pédés, mais elle n’a pas pour autant peur des pédés. Homo - phobie. La peur des pédés. Mais personne d’entre nous n’a peur des pédés! Nous ne sommes donc pas homophobes! Nous sommes justes dégoûtés par la sexualité des pédés. Tout le monde le sait.  Les politiciens, les prêtres, les profs le savent. Nombre d’entre eux en parle ouvertement à l’église, à la télé. Même la bible en parle! Que c'est dégoûtant... Un homme avec un homme - on l’entend dire au Parlement! Et c’est écrit dans les lois. On le sait, les gays ne peuvent pas se marier, adopter des enfants, ils démoralisent la jeunesse, ils s’exposent et cette exposition publique de leurs préférences sera punie par la loi. Par la flagellation, la lapidation, la pendaison, l'exil, la raillerie ou la raclée.

OK, et là, mon pote, je dois m’arrêter ... Et te dire clairement: tu ne mais plais plus...

Mais non pas parce que t’es un mec et que ta gueule n’est pas rasée, mais parce que tu es stupide.

Et tu sais pourquoi tu es stupide? Parce que tu n’as pas réfléchi sur toi, sur tes craintes et que tu n’as rien pigé de ce que j’ai écrit plus haut. Mais peut-être que tu piges quand même? Si t’as pigé, y encore de l’espoir. Continue à lire.

Il se trouve que «l'homophobie», ça ne veut pas dire la peur des homos, mais la peur du sexe homosexuel, donc, pour le dire tout simplement, de se la prendre dans le cul. Ne fais pas semblant de ne pas en avoir peur, parce que nous en avons parlé plus haut en mentionnant les femmes. Et dans ce sens, nous sommes tous homophobes - nous, les hommes hétérosexuels éduqués à ne pas comprendre notre sexualité et nos craintes, à haïr les femmes et à penser que le sexe les humilie. Mais le défi consiste à enfin le comprendre et à comprendre enfin pourquoi il en est ainsi. Quand nous le comprendrons, nous pourrons nous en libérer, tu piges, mon pote?

Peut-être que tu piges... Je sais pas. Si tu arrives à comprendre que ta vision de la femme est en fait la projection de tes propres craintes anales, que tu as cette même projection des hommes homosexuels, peut-être que quelque chose deviendra clair. Tu réaliseras peut-être que lorsque le prêtre dit à l’église que l’homosexualité est un crime, il dit en fait: j’aurais peur que quelqu'un me la mette dans le cul. Tu comprendras peut-être que si un politicien dit qu’il ne peut pas voir ces horreurs de pédé, il dit en fait: j’ai peur que quelqu’un puisse me la mettre dans la bouche.

C’est brutal, mais c'est la réalité. En fait, c'est comique. C’est pour ça que j'ai écrit plus haut que si tu dis ça, c'est que tu es stupide.

Je te dirais simplement que les mecs qui hurlent contre les pédés sont ceux qui traitent leurs copines comme une propriété qu’aucun autre homme n’a le droit de toucher. Pour eux, la trahison de leur copine est un affront. Les mecs qui insultent les pédés sont les mêmes qui, quand leur copine vient leur dire avoir été violée, la frapperont en lui disant qu’elle l’a cherché.

Tu comprends ce que je veux dire? Je parle pas du fait d’être libre de ces phobies, donc de ces craintes. Je parle pas du fait d’avoir peur du sexe anal ou de faire des pipes. Il s'agit du fait d’avoir compris ces phobies et de leurs influences. Et je veux être un homme libre, tu piges? Je rejette tout cela.

Et tu sais, j’ai même pas peur que cela ne plaise pas à certains. À un vrai mec. À un fan de foot.

On parlera du reste au bar, devant une bière

Mais ne fais pas de blagues sur les pédés, parce que, d’une part j’ai plein d’amis pédés et, d’autre part, je te trouverais ridicule.

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