Culture

Kundera, Gombrowicz, Kafka, Hrabal, Márai, Milosz, Kis et Cioran au programme d’une série d’été à la radio publique française: on voit que le déplacement du centre de gravité du continent, depuis le début de la guerre, est aussi culturel. Chaque samedi estival, le doctorant à l’ENS Ulysse Manhes proposera ainsi une traversée de l’œuvre d’un auteur d’Europe centrale. L’épisode consacré à Kundera, qui vient juste de nous quitter, est engageant en ce sens qu’il n’offre pas un surplomb superficiel, depuis un point de vue occidental un poil condescendant. Car qui dit Kundera dit bien sûr «petites nations», le concept forgé par le romancier dans le célèbre article «L’Occident kidnappé» qui mérite d’être relu. Les invités, ici Maïa Hruskova et Norbert Czarny, expliquent notamment que la Bohème-Moravie de Kundera n’a rien à voir avec la Vienne de Schnitzler, que tout n’est pas, à l’Est, du pareil au même. Au contraire. Dans ces petites nations tiraillées par l’angoisse de la disparition, on vit l’Histoire avec sa grande hache. On célèbre les écrivains et les artistes, des garanties de survie et de la pérennité des identités contre l’écrasement toujours annoncé par les grands voisins, l’Allemagne et la Russie, depuis aussi longtemps qu’existe l’Europe. Cette réflexion sur un monde où l’histoire ne s’est pas arrêtée s’annonce très engageante; nécessaire à celles et ceux qui auraient manqué ces œuvres comme aux habitués, par sa mise en perspective avec la nouvelle guerre qui secoue notre continent.