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Culture

Culture / Une histoire du paradoxe et de l’hypocrisie américaine

Marie Céhère

24 novembre 2023

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«Racisme, une autre histoire de l’Amérique», Roger Ross Williams, d’après l’ouvrage de Ibram X. Kendi, sur Netflix, 92 minutes.



La communauté noire n’existe pas depuis la nuit des temps. Tel est le premier élément de réflexion donné par ce documentaire. Au XVème siècle, lorsque commence le commerce triangulaire, les personnes amenées d’Afrique appartiennent à toutes sortes d’ethnies, ont leur propre communauté et identité. C’est l’esclavage qui les fond toutes ensemble. Toute l’histoire moderne des USA est ainsi traversée et traumatisée par l’esclavage. L’occasion de rappeler que nous ne parlons ici que des Etats-Unis, où l’histoire du racisme est liée à l’histoire du pays lui-même. Les expertes interrogées, parmi lesquelles Angela Davis, évoquent en parallèle la naissance de la «blanchité», un état qui octroie une supériorité innée au sein de la société. La séquence concernant le «mythe de l’assimilation» étonnante. Elle évoque les injonctions faites aux Noirs pour s’assimiler, autrement dit pour, in fine, «cesser d’être noirs»: travailler davantage, étudier davantage, s’éclaircir la peau, changer de coiffure... Bref, renoncer à leur identité. Toute l’histoire des USA est fondée sur la suprématie blanche, explique-t-ton encore. A leur libération, les anciens esclaves noirs constituèrent vite une concurrence inacceptable pour les Blancs. D’où la création de l’imaginaire du Noir violent, criminel, qu’il faut «punir»... ce à quoi s’employait le Ku Klux Klan, ce qui conditionne aujourd’hui encore les répressions policières violentes envers les Noirs. Le paradoxe américain, c’est aussi Thomas Jefferson ou Abraham Lincoln, des figures révérées mais qui ne cachaient pas leur racisme. Cette démonstration faite, on se demande quoi faire, comment être un véritable anti-raciste. Sortir du déni, regarder l’histoire des Blancs en face, et travailler sur l’ensemble de la société américaine pour que les anciens esclaves soient enfin les vrais égaux des Blancs. Il y a du travail, mais pas de fatalité.

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