Culture

Cette histoire du trafic de drogues commence en Chine, au XIXème siècle, lorsque l’Empire britannique, jaloux de la puissance autarcique de l’Empire du milieu, décide de le forcer à s’ouvrir... en rendant sa population dépendante à l’opium. Les bases sont posées: ce documentaire en trois parties, qui balaie presque deux siècles, montre combien les Etats, les grandes banques et l’industrie pharmaceutique ont intimement lié leur puissance au trafic de drogue, faisant pression par des périodes de répression, de prohibition ou de laxisme, blanchissant l’argent du crime, prospérant sur les addictions. Peu après les guerres de l’opium, les progrès de la chimie permettent d'isoler les principes actifs et de conditionner ces substances. La morphine, la cocaïne et l’héroïne, joliment baptisées, sont alors vendues comme des remèdes. La désintoxication? On y pensera plus tard. Dans la deuxième partie, il est question surtout des cartels sud-américains et de la mafia italienne, et là aussi crime organisé et pouvoir politique avancent main dans la main et dessinent une «géopolitique de l'ombre». De la CIA aux Talibans, tout tourne autour de la fleur du pavot et des champs de coca. Jusqu’à ce qu’apparaissent des «territoires perdus», où les trafiquants font régner une violence illimitée, à l’image des sommes d’argent amassées. Comment, dès lors, résoudre ce problème vieux comme le monde moderne? Le dernier épisode s’achève sur l’apparition du Fentanyl, un opiacé de synthèse produit entièrement en laboratoire et considérablement plus puissant que l’opium. Prendre les choses à la racine? C'est une évidence. Mais il ne s’agit plus de s’attaquer aux plantations. Plutôt de comprendre pourquoi les paradis artificiels sont toujours aussi irrésistibles.