Culture / Une Espagne rurale, rude et âpre
«Un sombre manteau», Jaime Martin, Editions Dupuis, 104 pages.
Jaime Martin ne cesse d’explorer l’histoire espagnole, notamment à travers la sienne, d’histoire, ou celle de ses grands-parents et de ses parents. A force, ça fait une œuvre et ça dessine – au double sens du terme puisqu’il est auteur de BD – un portrait, mélange d’ontogenèse et de phylogenèse. Avec Un sombre manteau, nous voilà dans les montagnes espagnoles, au milieu du XIXème siècle. Les gens sont pauvres, bien sûr. Mara est une cueilleuse d’herbes médicinales, une guérisseuse qui vit seule, dans une maison isolée, passant de villages en fermes pour vendre ou troquer ses potions, en butte à la superstition des uns et des autres, parfois accusée d’être une sorcière. Arrive chez elle une jeune femme mystérieuse, blessée, effrayée, mutique, recherchée par les gendarmes. Mara va la soigner et la cacher. Il y a des loups dans la montagne, mais ils sont sans aucun doute moins cruels et dangereux que le curé et le gendarme, moins brutaux que les hommes. Et il y a aussi la rage, gare à qui se fait mordre par un animal qui peut la transmettre. Une des réussites de cette bande dessinée est de décrire avec subtilité une Espagne rurale, rude et âpre. De décrire, aussi, loin de toute illusion rousseauiste, des relations humaines commandées avant tout par l’instinct de survie et par la peur de l’inconnu. Bref, cette nouvelle bande dessinée s’inscrit parfaitement à la suite de celles qu’a déjà produites Jaime Martin qui, répétons-le, est en train de réaliser une œuvre originale et très personnelle.
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