Culture / Un peu, beaucoup, à la folie surtout
«La terreur jusque sous nos draps. Sauver l’amour des nouvelles morales», Noémie Halioua, Editions Plon, 256 pages.
Une grave menace pèse sur l’amour, et nous la devons à la conjonction de plusieurs facteurs des temps modernes: le «wokisme», l’injonction à la déconstruction, et le néo-féminisme qui veut faire de tout le privé du politique, tout et absolument tout, depuis «à qui le tour de faire la vaisselle» jusqu’à la chorégraphie des ébats amoureux. Telle est la thèse défendue par cet essai de la journaliste Noémie Halioua, paru à temps pour la Saint-Valentin. On a vu cette jeune femme sur plusieurs plateaux de télévision déplorer que le néo-féminisme post-MeToo avait saccagé notre enfance, et la sienne, en faisant de la Belle au Bois dormant de Disney un récit de viol, et du prince un «porc». Non, tout n’est pas bon à décortiquer, déconstruire, désacraliser. L’amour est un espace de liberté morale, où l’on peut aussi abdiquer sa liberté. L’amour est un espace d’inégalités dans les tourments, devant la passion, et c’est tant mieux, rien de dégradant à s’agenouiller aux pieds de l’être aimé. Il n’y a pas toujours «emprise» mais il y a «déprise» volontaire du contrôle de soi-même, folie consentie. L’amour est enfin un espace de réconciliation de l’homme et de la femme (dans sa version hétérosexuelle, s’entend), où il n’y a plus ni diable par essence, ni victime par nature. Ce mystère métaphysique, ces affinités électives, cette alchimie inexplicable sont des biens précieux pour l’humanité, prenons-en soin, nous intime-t-elle, tout en illustrant ses propos de deux exemples, deux couples qui ont hissé l’amour et ses mystères plus haut que les on-dit et les tempêtes; Emmanuelle Seigner et Roman Polanski d’un côté, Brigitte et Emmanuel Macron de l’autre.
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