Culture / Un livre tout à fait inconvenant, donc jouissif
«L’obsession du Matto-Grosso», Christophe Bier, Editions du Sandre, 96 pages.
Alors que le conservatisme – de droite comme de gauche – impose une doxa très moralisatrice, des livres comme L’obsession du Matto-Grosso apparaissent comme très inconvenants. Or, l’inconvenance est un réjouissant petit plaisir, ne le boudons pas. Christophe Bier est un spécialiste du mauvais genre, un passionné sans gêne, un explorateur des dépravations. Il est notamment l’auteur du Dictionnaire des films français pornographiques & érotiques, un des chroniqueurs de l’émission Mauvais Genres sur France Culture. A quinze ans, au rayon livres d’un supermarché, il découvre la réédition d’un roman des années 1930, le pervers Attelages humains. Sur la couverture, «deux êtres, presque nus, attelé à un sulky (…) Je dévore le texte. Mrs Stone, riche Américaine excentrique, résorbe la dette d’une bonne amie en la transformant, ainsi que deux jeunes filles, en pouliche, pour son haras du Matto-Grosso.» Il s’en suit une idolâtrie pour le catalogue de la première maison d’édition du roman: la Select-Bibliothèque. Et une quête: retrouver les 98 titres qu’elle a publiés. Récit d’une obsession, le livre de Christophe Bier est tout à la fois érudit et intime, il emmène le lecteur aux confins d’un Matto-Grosso fantaisiste, loin de la morale de notre époque.
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