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Culture

Culture / Un livre bien sculpté

Patrick Morier-Genoud

16 septembre 2022

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«Olivier Estoppey, un chemin dans les ombres», Les Cahiers dessinés, 208 pages.



La sculpture est un art difficile. Pas pour le sculpteur, dont c’est justement l’art, plutôt pour le spectateur. Pour celui ou celle qui devant une «pièce» tourne, avance, recule, scrute, se concentre, se demande comment manifester son ressenti. Sans doute parce que la sculpture met en avant la matière et qu’un dualisme culturel – civilisationnel même – nous impose une séparation entre celle-ci et l’esprit. Le beau livre des Cahiers dessinés consacré aux dessins et sculptures 2005-2022 d’Olivier Estoppey ouvre une porte vers une autre manière d’aborder les choses. Avant de sculpter, Estoppey fait des croquis, puis des maquettes. Et dans le livre, tout ça va très bien ensemble; chacun décidera si ça va l’un sans l’autre et cela pourrait nourrir une grande discussion sur le sens de l’art. Croquis, dessins, photos et textes, oui, dans le livre tout va décidément très bien ensemble mais il n’y a pas de volonté d’expliquer et c’est tant mieux. Nicolas Raboud, qui a dirigé l’ouvrage, sait de quoi il parle. Il faut aussi évoquer le graphisme particulièrement réussi de l’ouvrage, particulièrement efficace. Les textes sont composés en antique, dans une déclinaison du noir au gris, souvent dans un corps imposant, et voilà que nous revient que la typographie, avant d’être numérisée, était sculptée dans le plomb ou le bois, encrée, pressée. Un beau livre, oui, bien sculpté.          

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