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Culture / Tuer la mère


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«Dans ta sévère fontaine», Véronique Emmenegger, Editions Antidata, 68 pages.



Ce petit livre parle du mal que font les parents aux enfants. Là, bien sûr, il s’agit d’un cas sévère, d’une mère spectaculairement nocive ayant atteint un niveau de névrose olympique. «Lorsque je suis rentrée avec toi de la maternité, j’ai voulu te changer, et tu as chié dans ma main…» C’est la mère de la narratrice qui lui dit et répète à l’envi cette phrase «infecte qui appelait les mouches sur ses lèvres.» Et la fille comprend le «j’ai voulu te changer» au sens premier: j’ai voulu t’échanger contre une autre enfant. Mais elle ne relève pas qu’elle a bel et bien chié dans les mains de sa mère dès le début de leur relation. Oui, les parents font du mal à leurs enfants et la réciproque est vraie aussi. D’où, dès le départ, une relation effectivement névrotique. La grande différence est bien entendu que la domination physique et morale des parents rend le mal qu’ils font plus violent sur ces deux plans. Le récit de Véronique Emmenegger a deux grandes qualités: il est bien écrit et il se faufile dans des zones interdites de nos consciences. Il nous offre la possibilité de penser à certains aspects nocifs de la relation que nous avons eue avec nos parents, et à ceux de celle que nous entretenons avec nos enfants si nous sommes nous-mêmes devenus parents. C’est ainsi que les 68 pages se prolongent agréablement.

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