Culture / Quand les Français ont commencé à perdre la guerre d’Indochine
«Cao Bang 1950», Ivan Cadeau, Editions Perrin Ministère des Armées, 390 pages.
L’auteur est tout à la fois officier supérieur et docteur en histoire, et il connaît bien celle de la guerre d’Indochine. Pourquoi un nouveau livre sur cet épisode, connu aussi sous le nom de «bataille de la RC4» − la route coloniale 4 qui longeait la frontière chinoise, au Nord du Vietnam? Ivan Cadeau a notamment eu accès à des sources vietnamiennes inédites et il peut préciser un certain nombre de choses: par exemple les effectifs réels des soldats engagés, les tactiques des états-majors, etc. Les spécialistes et les passionnés apprécieront. Les autres liront avec intérêt le récit de cette défaite qui, quatre ans avant celle de Diên Biên Phu, marque le début de la fin de l’empire colonial français. Trois éléments principaux provoquent cette chute: l’incurie de l’état-major français, le mépris du colon pour le colonisé, l’influence de ceux qui ont bâti leur fortune sur l’exploitation de la colonie et ne veulent en aucun cas que les choses changent. Les politiciens et les militaires français, aveuglés par leur arrogance, ne pouvaient culturellement pas imaginer que l’armée vietminh était autre chose qu’un ramassis de va-nu-pieds endoctrinés. Cette absence de lucidité et cet absurde complexe de supériorité ont provoqué le sacrifice inutile de milliers de vies, celles de soldats français, nord-africains, africains, vietnamiens et de légionnaires de toutes origines.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@simone 08.07.2022 | 17h12
«Comme vous le dites très bien: "[l']absence de lucidité et [l']absurde complexe de supériorité ont provoqué le sacrifice inutile de milliers de vie". Il n'y a rien de nouveau sous le soleil.
Suzette Sandoz»