Culture / Quand les enfants se révoltent, les adultes morflent
«Le Boucher des Hurlus», Jean Amila, Editions Gallimard, 224 pages.
Autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas une nouveauté mais reparler un peu de Jean Amila n’est jamais une mauvaise chose. Le Boucher des Hurlus est son dix-neuvième roman policier, il est paru en 1982 dans la Série noire, c’est un formidable récit libertaire. A la fin de la Première Guerre mondiale, quatre enfants âgés de huit à treize ans, dont les pères ont été «fusillés pour l’exemple» en 1917, décident d’exécuter le général Des Gringues, surnommé le Boucher des Hurlus car, en plus de les avoir rendu orphelins, il a envoyé des milliers d’hommes à la mort dans des assauts inutiles sur le territoire de cette commune de la Marne. Ils s’enfuient donc de l’orphelinat et partent à la recherche d’une arme. «Foutre du pétrole sur les paillassons de bourgeois pourris, y mettre les flammes et attendre le spectacle, c’était bigrement prometteur.» Par moment, des images du film Zéro de conduite de Jean Vigo s’imposent; la révolte des enfants est un sujet tout à la fois émouvant et d’une grand force contestataire. Jean Amila est un des nombreux pseudonymes de Jean Meckert (1910-1995), un auteur qui vaut le détour: «Je suis un ouvrier qui a mal tourné... Je me suis mis à raconter des histoires populistes d'abord, puis, dans ce langage qui était le mien, j'ai raconté des histoires noires.»
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