Culture / Pupetta, icône de la Camorra
«La malédiction de la Madone», Philippe Vilain, Editions Robert Laffont, 192 pages.
Ses lecteurs le savent depuis Pas son genre (2011) et son adaptation à l’écran par Lucas Belvaux, le romancier Philippe Vilain a un don pour écrire et donner à voir. On s’y retrouve dans cette Malédiction de la Madone, dont les pages prennent vie sous nos yeux. Dans la Naples des années 1950, ravagée par la guerre, la pauvreté et le crime organisé, Pupetta («petite poupée») Maresca, fille d’un mafioso de peu d’envergure, est la rose parmi les épines. Sacrée reine de beauté, elle tape dans l’œil d’un parrain de la Camorra. Le grand amour, un enfant, le mariage, et le meurtre peu de temps après de son Pasquale aimé orientent le destin de Pupetta, qui accouchera en prison après s’être fait justice elle-même. Philippe Vilain, installé depuis quelques années à Naples, est habité par la ville, par sa beauté difficile, par ses cicatrices encore boursouflées. Il campe sa Pupetta, inspirée d’une histoire vraie, les deux pieds dans son époque, fascinée par Sophia Loren, Gina Lollobrigida, et on croit la voir marcher, dans les rues de la ville comme dans les couloirs de la prison. En bonne Napolitaine, Pupetta s’en remet à la Madone pour la soutenir et la guider. En jeune femme à l’intelligence pratique acérée, elle crache au visage des traditions, de la misogynie, du sexisme qui l’écrasent et la bâillonnent. Devenue icône de la Camorra depuis sa cellule, passionaria du crime d’honneur, Pupetta par sa droiture, par sa beauté, par sa fidélité à Pasquale, lave et rachète les fautes des hommes.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
0 Commentaire