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Culture

Culture / Pierre Aubert, peintre malgré tout

Marie Céhère

22 mars 2024

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«Aubert. Le noir est aussi une couleur», Raphaël Aubert, Editions InFolio, 64 pages.



Il n’est pas facile d’écrire sur son propre père, d’autant plus quand ce dernier fut un célèbre artiste. Raphaël Aubert, le fils du peintre et graveur Pierre Aubert (1910-1987) a relevé le défi. Il s’explique en préambule: d’un côté, «mon père», avec les souvenirs d’enfance, la maison de Romainmôtier, les brumes, le travail du burin dans l’atelier; de l’autre «Pierre Aubert», l’artiste-né. Dès son enfance, nous raconte l’auteur, Aubert avait envie de «faire de l’art». Il se forme à la xylographie, il est exposé et reconnu très jeune, noue des liens et des amitiés, se rend fréquemment à Paris qui bourdonne, dans l’entre-deux-guerres, de renouveau et d’énergie artistiques. Ce petit livre, qui a la grâce d’être illustré, nous ouvre des portes plus intimistes, plus chaleureuses, que ne le ferait un catalogue ou un œuvre complet. Les commentaires sur l’évolution de l’artiste, qui s’est consacré majoritairement à la gravure mais se sentait plutôt peintre, y côtoient des souvenirs, des rapprochements, des tableaux du passé. On lit des extraits de la critique d’alors mais aussi des témoignages de Gilberte Aubert, l’épouse. Pierre Aubert a consacré sa vie à l’art, écrit son fils. L’élement central qui guida sa main, le bois: le bois d'érable plane sur lequel il grave, celui des arbres de la vallée de Joux et du Midi dont il peint des «portraits». Une image demeure gravée à l’esprit: Raphaël découvre le corps de Pierre, son père, inanimé au bout du jardin, couvert de feuilles mortes, un jour de novembre. Les arbres en pleine mue, Pierre Aubert aurait sans doute aimé peindre ce tableau aussi. 

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