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Culture

Culture / Paul Deschanel, homme de paroles

Marie Céhère

9 septembre 2022

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«Paul Deschanel. Le président incompris», Thierry Billard, Editions Perrin, 375 pages.



Rares sont ceux, même parmi les Français, qui se souviennent aujourd’hui du nom de Paul Deschanel. Plus rares encore, de la trace qu’il laissa dans l’histoire politique française. Retenu dans les livres comme une blague, «le cinglé de l’Elysée», Paul Deschanel (1855-1922) est dans la mémoire collective depuis un siècle comme l’homme qui chuta d’un train en marche, une nuit, et remonta la voie de chemin de fer en pyjama avant que la famille d’un cheminot ne s’avisât qu’il s’agissait du Président de la République. En plein épisode de somnambulisme. Cette biographie, parue pour la première fois en 1991, s’inscrit dans une large et légitime tentative de réhabilitation. Pour ce faire, l’épisode élyséen et sa malheureuse conclusion n’occupent qu’une cinquantaine de pages. Le reste est consacré au véritable talent de Deschanel: l’art oratoire, et à l’épatante actualité de ses idées. Citons pêle-mêle sa volonté de restaurer le magistère de la fonction présidentielle, son rejet du traité de Versailles comme une mauvaise solution à la Première guerre mondiale, sa colère devant le mépris de l’Ouest pour l’Europe centrale et les Balkans, son engagement contre la peine de mort, pour la décentralisation et le prosélytisme républicain, son socialisme refusant le «tout-Etat» et son libéralisme récusant le «sans-Etat»... Thierry Billard, également auteur de d’une biographie de Félix Faure, donne largement à lire et à entendre les discours de Deschanel, campant ferme, dans le désordre parlementaire de la IIIème, sur sa «troisième voie», ses efforts pour rassembler au-delà des partis et des divergences, «ni réaction, ni révolution». On appelle ça le macronisme, désormais.

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