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Culture

Culture / On ne rattrape jamais le passé

Patrick Morier-Genoud

29 décembre 2023

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«Une éducation orientale», Charles Berberian, Editions Casterman, 160 pages.



Son titre n’est pas ce qui est le plus réussi dans cette BD. Il s’agit d’une autobiographie dessinée, dont l’essentiel se déroule à Beyrouth, où l’auteur n’a pas passé la plus grande partie de sa vie mais où il retourne sur les traces de son enfance et de son adolescence. Charles Berberian est né en 1959 à Bagdad, d’un père arménien et d’une mère grecque. Il arrive à Beyrouth, chez sa grand-mère maternelle, en 1969 et en repart en 1975 alors que la guerre fait rage au Liban. «Le danger quand on remet les pieds dans une ville qu’on a quittée depuis si longtemps, quand on retrouve des endroits où les souvenirs remontent à loin, le danger, donc, serait de s’épuiser à courir derrière un passé qu’on ne pourra, de toute façon, jamais rattraper.» Dans la BD apparaît aussi Alain Berberian, le frère de Charles, réalisateur, notamment du film culte La cité de la peur. Cela ne suffit bien sûr pas pour trouver de l’intérêt à Une éducation orientale. Pour les lecteurs et les lectrices qui sont de la même génération que l’auteur, ou des générations précédentes, cette BD permet de se remémorer la guerre du Liban, présentée ici du point de vue d’une famille de la petite bourgeoisie occidentalisée de l’époque. Graphiquement, Charles Berberian varie les plaisirs, en alternant notamment la couleur et le noir et blanc, ce qui rend la lecture agréable. Les personnages sont attachants, ce d’autant qu’un album photo, à la fin de la BD, les présente sous leurs vrais visages. Et puis, il s’agit d’un portrait de Beyrouth, tout à la fois nostalgique et lucide. A lire en écoutant, bien sûr, Fairuz.

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